Par Antoine Peillon

Dédiabolisation du Rassemblement national (RN), captation des causes républicaines par Marine le Pen et promotion objective de l’extrême droite par l’extrême gauche ne doivent pas nous aveugler sur le danger majeur que représente toujours le RN de Jordan Bardella et Marine Le Pen (ex-Front national [FN] de Jean-Marie Le Pen) pour la démocratie, même si celle-ci est déjà gravement abîmée par la politique ultralibérale et autoritaire d’Emmanuel Macron.

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Selon deux derniers sondages (Ifop et Harris Interactive, 4 juin), la liste Rassemblement national (RN) aux élections européennes de dimanche prochain, conduite par Jordan Bardella, caracole en tête avec 33% des intentions de vote. En seconde ou troisième position, selon les mêmes données, les listes Ensemble (Valérie Hayer, soutenue par Emmanuel Macron) et Parti socialiste + Place publique (PS + PP) se hissent à 14% des intentions de vote, soit à moins de la moitié du score prévisible de l’extrême droite.

Outre la captation du RN, depuis plusieurs années, des questions républicaines et populaires abandonnées par la gauche (dont l’ordre civil, l’intégration et l’assimilation des immigrés, et même la laïcité !), la « dédiabolisation » de Marine Le Pen et de son parti a, de toute évidence, un effet de levier électoral décisif. Une note récente (8 février 2024) de la Fondation Jean-Jaurès en fait l’analyse précise et probante : « Les conséquences électorales de la dédiabolisation de Marine Le Pen », par Antoine Bristielle.

« Depuis de nombreux mois maintenant, les différentes enquêtes d’opinion dressent le même constat : Marine Le Pen, et même plus globalement le Rassemblement national, sont de plus en plus ‘’dédiabolisés’’ », constate premièrement l’analyse, se référant au baromètre annuel Le Monde et Franceinfo qui révélait, en décembre 2023, que, « pour la première fois, les Français sont plus nombreux à considérer que le parti d’extrême droite peut participer à un gouvernement ». Sociologiquement, l’évolution est puissante : la dédiabolisation de Marine Le Pen touche de nouveaux profils, plus âgés, plus instruits et provenant de la droite classique, voire du centre droit.

Parmi les nombreuses informations mobilisées par la note de la Fondation Jean-Jaurès, il suffit de relever ces deux ensembles significatifs de la « dédiabolisation » du RN :

  • La part de Français jugeant que le Rassemblement national est un parti dangereux pour la démocratie est passée de 60% à 52% entre 2015 et aujourd’hui, seulement 50% des Français jugeant que le RN est un parti xénophobe, alors qu’ils étaient encore 61% à le penser en 2015.
  • La part de Français jugeant que le RN est un parti proche de leurs préoccupations a augmenté de 8 points, passant de 32% en 2015 à 40% aujourd’hui. La dynamique est similaire concernant la capacité prêtée au Rassemblement national de gouverner le pays, passant de 31% en 2015 à 44% aujourd’hui.

Or, les conséquences électorales de cette dédiabolisation sont, depuis l’élection présidentielle de 2022, devenues déterminantes. Ainsi, au second tour de la dernière présidentielle, celles et ceux qui la diabolisaient au début comme à la fin de la campagne électorale ont voté Emmanuel Macron à 89%. À l’exact opposé, celles et ceux qui ne la diabolisaient ni au début et ni à la fin de la campagne ont voté pour elle à 90%. Enfin, concernant celles et ceux qui avaient une image négative de Marine Le Pen au début de la campagne, mais une image positive à la fin de la campagne (les « switchers »), ont voté pour elle à 65%, un chiffre 24 points supérieur à sa moyenne nationale ! Il est clair et net que l’amélioration des traits d’image de Marine Le Pen se corrèle à une augmentation du vote en sa faveur, surtout dans une perspective de second tour.

Outre le facteur « dédiabolisation » pointé par la Fondation Jean-Jaurès, un amplificateur indéniable de l’intention de vote pour le RN est à rechercher dans la propagande islamogauchiste de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon depuis quelques mois, propagande antisémite dont nous avons déjà dénoncé les effets de pourrissement du débat démocratique (« Halte à la peste ! », 15 avril 2024) . Au sujet de cette montée aux extrêmes dialectique entre les populismes de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélechon, l’islamologue Gilles Kepel nous a donné, il y a peu (4 octobre 2023), le décryptage le plus charpenté : « Le Rassemblement National (RN) peut indéniablement diminuer son budget  de propagande : quand Mélenchon, ou Mesdames Panot, Tondelier ou Rousseau ouvrent la bouche – ainsi après la manifestation contre la lutte contre l’islamophobie et les violences policières, durant laquelle un véhicule de police a été violemment attaqué, contraignant un fonctionnaire  à sortir son arme pour éviter d’être lynché –, la réprobation est telle dans le pays que cela favorise par contrecoup la popularité des mouvements d’extrême droite, sans même qu’ils aient besoin de s’exprimer ! Cela fait penser à la situation récente dans les pays scandinaves, où le modèle social-démocrate (par exemple d’Olof Palme en Suède), extrêmement ouvert au différentialisme actif, viscéralement hostile aux logiques d’assimilation, a abouti à une fragmentation sociétale et au rejet massif, fait d’amalgames à rebours de tous les migrants et réfugiés, ce qui a fait la joie cynique des mouvements d’extrême droite. L’Insoumis en chef, féru de l’histoire du mouvement ouvrier, pourrait aussi méditer l’expérience de la République de Weimar dans l’Allemagne de l’après-Première Guerre mondiale, où la surenchère et l’extrémisme de gauche de Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg ont apporté tant d’eau au moulin de celui qui a accédé au pouvoir outre-Rhin en 1933. »

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Et pourtant !

Dédiabolisation, captation des causes républicaines et promotion objective par l’extrême gauche ne doivent pas nous aveugler sur le danger majeur que représente toujours le RN (ex-Front national [FN] de Jean-Marie Le Pen) pour la démocratie, même si celle-ci est déjà gravement abîmée par la politique d’extrême centre et d’ultralibéralisme autoritaire d’Emmanuel Macron.

LIRE AUSSI : Profanation du CNR et pleins pouvoirs à Emmanuel Macron (13 septembre 2022) ; Avec Dussopt, Borne et Macron, « deux et deux font cinq » ! (9 mars 2023) ;  « 1938 », une leçon de l’Histoire (11 mai 2023) ; L’extrême centre en sa forteresse (22 mai 2023) ; L’Un et le Contr’Un. À propos d’un crépuscule démocratique (28 juin 2023) ; Basculement dans l’absolutisme (3 octobre 2023)

Il suffit, pour s’en convaincre, de s’informer au-delà des communications aseptisées, voire complaisantes, d’une presse presque entièrement dépendante d’intérêts industriels ou financiers, ou de l’État.

Ayant beaucoup enquêté, dans les années 1990 (InfoMatin, L’Express), sur les liens organiques entre le FN et la constellation internationale des néonazis, je vois, comme tout observateur sérieux, combien le RN, Marine Le Pen et Jordan Bardella sont aujourd’hui encore articulés à l’extrême droite identitaire la plus dure, éventuellement violente, sabotant systématiquement – c’est lié – tout progrès dans la construction d’une Europe démocratique, puissante, solidaire et écologique, au profit objectif des autocrates et dictateurs qui cernent l’Union, dont, en premier lieu, Vladimir Poutine, le délirant du Kremlin.

Les faits prouvant cet ancrage fasciste et ces complicités mortifères se comptent par dizaines depuis quelques années. Les plus récents, pour s’en tenir à 2024, ne sont que des confirmations de cette mise en garde. Ainsi, le 6 avril dernier, à Lécluse (Nord), lors d’un meeting de campagne de Jordan Bardella, Libération n’a pas eu de mal à reconnaître, parmi les supporters du jeune second, « des militants portent des t-shirts orné d’une croix des Templiers et de Deus Vult, références aux croisades contre les musulmans et récupérées par la mouvance néofasciste française ». Un peu plus loin, le reporter du quotidien a vu un homme vêtu d’un t-shirt noir Para Bellum, morceau de la célèbre locution latine Si vis pacem, para bellum (« Si tu veux la paix, prépare la guerre »), qui est une marque de vêtement plus que connotée chez les néonazis français : l’une de ses égéries est l’ancien amateur de wakeboarding, Paul Bichet, connu désormais pour son goût pour le street fight (combats organisés dans la rue), qui aimait notamment porter des t-shirts avec le blason de la ville de Paris décoré de… croix gammées. Et Libération commente : « Le Rassemblement national est d’extrême droite et plaît toujours aux adorateurs du IIIe Reich. Ne pas en parler, c’est encore une fois banaliser une formation politique qui, si elle a viré ces néonazis et néofascistes de sa vitrine, charrie dans son arrière-boutique ces militants aux idéologies dangereuses pour la démocratie et à l’opposé des valeurs de la République que le RN dit promouvoir. »

Plus particulièrement, en cette veille d’élections européennes, il est instructif de se pencher sur le parcours et les attaches de Jordan Bardella, la tête de liste impeccablement peignée du RN.

À 16 ans, convaincu par la campagne présidentielle de Marine Le Pen de 2012, Jordan Bardella adhère au FN. Sept ans plus tard, il est porte-parole du RN (depuis 2017) et tête de liste du parti aux européennes, une promotion qui débute avec le lancement et la présidence du collectif Banlieues patriotes, à l’occasion des élections régionales de 2015 (élu). Selon les informations publiées par le site La Horde, en 2015, Jordan Bardella affiche sur Facebook ses amitiés avec des personnalités de l’extrême droite radicale, dont Clément Martin, ancien de Génération identitaire. Jérôme Bousseaud, militant du mouvement d’extrême droite identitaire breton Adsav, proche du GUD breton, ou encore Laura Lussaud, trésorière, en 2015, de L’Œuvre française, groupe ultranationaliste et néo-fasciste, ont aussi eu droit à l’intérêt amical de Jordan Bardella.

En 2015, Jordan Bardella est élu conseiller régional, grâce à sa position enviable sur la liste RN conduite par Wallerand de Saint-Just, un ancien du GUD, avocat de Jean-Marie Le Pen et de Bruno Gollnisch (pilier du FN, poutinolâtre…), membre de l’AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne), figure de la nébuleuse catholique traditionaliste.

LIRE AUSSI : « Pierre-Romain Thionnet, le radical lieutenant de Bardella » (Streetpress, 28 mai 2024) ; « La GUD Connection continue de bénéficier de l’argent du RN au Parlement européen » (Le Monde, 7 juillet 2023)

En 2024, le 19 janvier, l’avocate et députée européenne libérale sortante Ilana Cicurel (Renew Europe) mettait à jour le pedigree politique véritable de la tête de liste du RN aux élections européennes : « Il faut regarder qui est monsieur Bardella derrière le sourire qu’il a appris avec un communiquant. Monsieur Bardella, c’est celui qui reste très proche d’Éric Châtillon, ancien patron du GUD, proche de Faurisson (célèbre négationniste), soutien de Dieudonné. Monsieur Bardella, c’est celui qui a beaucoup de mal à reconnaître que Monsieur Le Pen est antisémite. Monsieur Bardella, c’est celui dont le voisin d’hémicycle est Monsieur Beck qui est un dirigeant de l’extrême droite allemande qui est une extrême droite néonazie. C’est pas seulement son voisin, ils font partie du même groupe politique et il vote exactement pareil, et ça a des conséquences sur la vie des Français quand il vote contre le plan de relance, quand il vote contre les sanctions contre la Russie pour faire plaisir à Monsieur Poutine, quand il refuse toute forme de contrôle des ingérences sur notre processus démocratique, quand il vote contre une Europe de la santé, ne tirant aucune conséquence du COVID, quand il vote contre une égalité des salaires entre hommes et femmes… »

Il est difficile de mieux dire.

LIRE AUSSI : « Russia is working to subvert French support for Ukraine, documents show » (The Washington Post, 30 décembre 2023)

Entre la peste et le choléra, prise dans le piège dialectique de la montée aux extrêmes (LFI et extrême gauche « anti-capitaliste » / RN + Reconquête), la résistance démocratique doit dégager les listes infâmes (islamogauchistes, d’un côté, fascistes, de l’autre), en portant au Parlement européen les seules candidates et seuls candidats issus de la gauche républicaine, démocratique, laïque, écologiste et sociale, libérale (au meilleur sens du terme). Le choix est crucial, malheureusement peu divers. Il doit être tout à la fois exigeant et puissant.

Pour moi, la liste « Réveiller l’Europe », conduite par Raphaël Glucksmann, au nom du Parti socialiste et de Place publique, est la seule qui offre la garantie d’un combat réel contre la montée des extrémismes, afin d’échapper à la peste autant qu’au choléra, en France, mais aussi partout en Europe. La seule qui, par la « révolution écologique » qu’elle propose, entre autres, nous permettra de nous libérer de toutes les dépendances qui nous agenouillent devant les bouffons et les tyrans.

AP

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LIRE AUSSI : « Un nationalisme de supermarché ? », par Nicolas Massol/ Esprit, octobre 2023
Dans le but de se rendre respectable, et surtout présidentiable, le RN a engagé depuis plusieurs années une stratégie de dissimulation de ses affinités les plus explicitement extrême droitières, sans pour autant cesser d’entretenir discrètement ses réseaux. En résulte un parti « schizophrène », dont le socle idéologique et le discours officiel ne sont plus en cohérence, et qui peine à proposer à ses membres une culture commune solide.
Le 21 mai 2013, l’écrivain Dominique Venner se tirait une balle dans la tête devant l’autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Identitaire, racialiste, défenseur de la « longue mémoire européenne », qui attribue une origine ethnique commune à la civilisation du continent, rendu ainsi imperméable aux populations extérieures, Venner avait depuis longtemps arrêté la politique. Mais les rapports du Front national, devenu Rassemblement national (FN/RN), avec son héritage éclairent l’évolution du parti, sa volonté d’assumer, ou non, une tradition politique d’extrême droite. Certes, Venner n’a pas été un compagnon de route assidu du FN, mais ses livres historiques et surtout les récits de sa vie de jeune fasciste emprisonné dans les geôles gaullistes après le putsch des généraux de 1961, puis d’esthète amateur de chasse et de fêtes du solstice néopaïennes, ont accompagné plusieurs générations de militants FN1.
Pour encore nombre de jeunes RN, Venner représente à la fois l’aristocratie militante et la figure de l’intellectuel engagé d’une famille politique dont les héros historiques sont infréquentables depuis la Seconde Guerre mondiale. Son suicide achève de le transfigurer en mythe. Dans une lettre lue par son ami, l’africaniste Bernard Lugan, à l’antenne de Radio Courtoisie, Venner explique son acte par la nécessité de « rompre la léthargie qui nous accable » et de lutter contre « le crime visant au remplacement de nos populations ». Un martyr du « grand remplacement », cette idée raciste selon laquelle les Blancs seraient victimes d’un « génocide par substitution » du fait de l’immigration extra-européenne. Au lendemain de sa mort, personne ne s’étonne du tweet de Marine Le Pen, présidente du FN depuis deux ans, qui s’approprie son message et salue son héritage : « Tout notre respect à Dominique Venner dont le dernier geste, éminemment politique, aura été de tenter de réveiller le peuple de France. » Elle assume alors l’héritage de sa famille politique.

Rentrer dans le rang

Dix ans plus tard, ses relations avec l’extrême droite française ont évolué. Le Pen n’a pas bronché lorsque l’hommage à Venner organisé par l’Institut Iliade2 a été interdit par arrêté préfectoral, en mai 2023. Son parti avait protesté en 2021 contre la dissolution de Génération identitaire, groupe pourtant autrement plus violent que l’Institut Iliade, qui se contente d’organiser des conférences et des formations. « Sur cette question-là comme sur tous les sujets, le RN a appliqué la consigne de Marine : tous aux abris, silence dans les rangs, ironise Jean-Yves Le Gallou, cofondateur de l’Institut Iliade. Mais nous avons reçu beaucoup de messages de sympathie… privés. » Si nombre de militants et de cadres lepénistes continuent de vénérer le personnage, l’hommage public n’est plus le bienvenu. Ainsi, quand le syndicat étudiant La Cocarde – qui n’est pas affilié au RN mais lui fournit bon nombre de collaborateurs parlementaires – commémore Venner sur ses réseaux sociaux, le numéro deux du groupe RN à l’Assemblée nationale, Jean-Philippe Tanguy, rappelle à l’ordre les intéressés… qui lui promettent de rentrer dans le rang. Dans la liste de lecture du Rassemblement national de la jeunesse (RNJ) publiée à l’été 2023, nulle mention de Dominique Venner ; elle a pourtant été établie par Pierre-Romain Thionnet, président du mouvement de jeunesse, fin connaisseur et amateur de son œuvre. Il n’y a pas qu’avec les identitaires que le RN tente, au moins en apparence, de couper les ponts : tous ceux qui entretiennent un lien avec la violence ou la radicalité sont priés de se tenir hors des projecteurs.
Après la manifestation du 9 mai 2023, organisée par le Groupe union défense3 (GUD), dont les images de militants encagoulés brandissant la croix celtique (un symbole néofasciste) ont choqué l’opinion, plusieurs porte-parole du RN ont demandé la dissolution du GUD et de tous les groupuscules extrémistes violents… Pourtant, plusieurs proches de Marine Le Pen affirment leurs liens avec ces jeunes radicaux4. De plus, au moins deux des jeunes manifestants du 9 mai, dont l’un avait déjà été condamné pour violences, ont été identifiés par Libération comme assistant régulièrement aux conférences hebdomadaires du RNJ au siège du parti.
Imprégnés d’une idéologie d’extrême droite qu’ils n’ont plus le droit d’assumer ouvertement, les militants du RN appartiennent aujourd’hui à un parti sans véritable culture commune. Les états-majors promus par Le Pen font la part belle aux ralliés venus de partis classiques et le discours du parti a surtout perdu de sa cohérence. Si Marine Le Pen a désossé le folklore extrême droitier qui caractérisait le parti de son père, elle l’a aussi, pour beaucoup, décharné. Une telle situation contribue à expliquer l’émergence d’Éric Zemmour. Surtout, elle invite à se poser la question : le RN est-il toujours un parti d’extrême droite qui cache sa vraie nature ? Ou bien, à force de ralliements et d’abandons de pans de programme ou de marqueurs politiques, a-t-il perdu sa cohérence idéologique au profit d’un patchwork mêlant nationalisme, droite radicale, populisme, pragmatisme, démagogie et même certains éléments de progressisme ? Stratégie de la taqiyya5 ou nationalisme de supermarché ?
Le parti de Marine Le Pen brouille les pistes. Le récit médiatique appelle cela « dédiabolisation » – néologisme problématique puisqu’il est de facture lepéniste et pousse à considérer le « système » comme responsable de la « diabolisation » du FN, le seul parti anti-establishment au service des Français… Comme si Jean-Marie Le Pen n’avait pas habilement joué avec la transgression (le racisme et l’antisémitisme) et conforté l’originalité de sa position sur l’échiquier politique. Se diaboliser soi-même, c’est entretenir sa singularité et se présenter comme une victime, dont le combat se trouve justifié par les persécutions qu’elle subit. La « dédiabolisation », présentée comme la stratégie de Marine Le Pen pour se hisser au pouvoir, est en fait aussi vieille que le FN lui-même6. Louis Aliot, vice-président du FN/RN, la dévoilait d’ailleurs : « Il faut être clair sur la dédiabolisation. Celle-ci ne concerne que notre présomption d’antisémitisme. Pas l’islam, pas l’immigration : là-dessus, à la limite, il n’est pas forcément mauvais d’être diabolisé7.  » Il y aurait ainsi une bonne diabolisation, qui prouve que le RN n’est pas un parti comme les autres, et une mauvaise, qui effraie trop d’électeurs.

Dans les institutions mais pas dans le système

Cette stratégie a-t-elle toujours cours au RN ? La chose est moins certaine depuis que le parti dispose de quatre-vingt-huit députés à l’Assemblée nationale et se présente comme « dans les institutions mais pas dans le système ». En 2023, l’enjeu pour les députés lepénistes a consisté, semble-t-il, à se fondre dans le paysage. À ses troupes, Marine Le Pen aurait donné le conseil de la grand-mère de Jean-Paul Sartre, dans Les Mots: « Glissez, mortels, n’appuyez pas.  » Mieux vaut ne pas être remarqué que l’être pour de mauvaises raisons. « Leur obsession, c’est qu’il n’y ait pas de dérapages », croit savoir un vieux routier de la droite.
De fait, en juin 2022, l’extrême droite parlementaire n’existe pour ainsi dire pas. Des huit frontistes de la promotion 2017, seuls demeurent trois députés : Marine Le Pen, Bruno Bilde et Sébastien Chenu, auxquels il faut ajouter deux suppléants titularisés en fin de mandat. Parmi les petits nouveaux, seule une poignée connaît l’Assemblée : Jean-Philippe Tanguy et Alexandre Loubet y ont travaillé pour Nicolas Dupont-Aignan, Florence Goulet a accompagné Henri Guaino… « On est parti de zéro, résume Renaud Labaye, le secrétaire général du groupe. Il a fallu créer ex nihilo une PME de deux cent cinquante personnes d’un coup et la rendre opérationnelle tout de suite. » Les nouvelles recrues sont donc particulièrement encadrées. Parmi les hiérarques du groupe, destinés à devenir les nouveaux visages du RN, beaucoup ont une ancienneté limitée au sein du parti. Sébastien Chenu a rejoint le FN en 2015, tout comme Franck Allisio, porte-parole du groupe. Les deux viennent de l’UMP et entretiennent de bonnes relations avec leurs anciens camarades. Le numéro deux du groupe, Jean-Philippe Tanguy, son ami Alexandre Loubet et Thomas Ménagé, responsable RN pour la commission des lois et vitrine médiatique du parti pendant le débat sur la réforme des retraites, sont issus de Debout la France, le petit parti souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan. Ils font de l’ombre aux lepénistes historiques, comme Frédéric Boccaletti, député du Var qui a tenu une librairie riche en ouvrages négationnistes et a été condamné à un an de prison (dont six mois ferme) pour violences en réunion à caractère raciste, ou José Gonzalez, député des Bouches-du-Rhône, doyen de l’Assemblée nationale qui, en ouverture de la première mandature, a rendu hommage à l’Algérie française.
De fait, le FN/RN a toujours réservé des places de choix à ses ralliés, qu’ils viennent de l’UMP, de la gauche (Andréa Kotarac, ex-Insoumis, tête de liste RN en Auvergne-Rhône-Alpes, porte-parole et collaborateur direct de Le Pen) ou de la société civile (Hervé Juvin, député européen, écarté du RN fin 2022 après une condamnation pour violences conjugales). Pour des hommes politiques de stature modeste, rejoindre le RN ouvre un accès à des postes qui restaient hors de portée dans leur parti d’origine et permet de prolonger une carrière sur la fin, comme celle des ex-LR Jean-Paul Garraud et Thierry Mariani, tous deux élus eurodéputés en 2019. Pour Marine Le Pen, l’opération contribue en retour à diluer la nature extrême droitière de son parti. Et tant pis – ou tant mieux – si les historiques du Front grincent des dents de rage : c’est la preuve que la patronne veut changer le parti hérité de son père. Les ralliements sont essentiels à la dramaturgie de la « dédiabolisation » mariniste, dont le dernier chapitre s’est écrit avec Éric Zemmour. Pas besoin de lire dans les entrailles des poissons pour prédire que la liste de Jordan Bardella aux européennes de 2024 accueillera en bonne place des nouveaux venus issus d’autres horizons politiques.
Aux députés frontistes, une présence assidue est exigée dans l’Hémicycle, alors qu’elle est souvent moins utile qu’en commission, où ils font montre de moins d’agilité et d’efficacité que les autres groupes parlementaires. À chaque réunion hebdomadaire de groupe, le mardi matin, le secrétaire général Renaud Labaye, qui dispose d’un pouvoir démesuré sur les élus, répète sa devise : « Nous ne sommes pas là pour nous faire plaisir. » Infantilisées, les troupes se font même réprimander lorsqu’elles perdent leur sang-froid. « Arrêtez vos conneries, pensez à l’image que vous donnez », leur intime Sébastien Chenu ou Jean-Philippe Tanguy quand ils s’agitent trop sur leurs bancs.
Conscients que c’est par l’image de sérieux (plus que par le sérieux lui-même) et par leur capacité à nouer des relations avec les députés d’autres groupes (plus que par leur habileté à influer sur le travail parlementaire) que le RN engrangera des points, les lepénistes se montrent particulièrement polis et empressés envers leurs collègues. Caroline Parmentier, une proche de Le Pen, nous raconte comment elle a pris un malin plaisir à payer la note de repas de deux députés insoumis à leur insu. À cette attitude de couloir répond une stratégie politique dite « constructive » : voter tous les textes qui vont dans le bon sens, même s’ils sont jugés insuffisants, y compris ceux issus de la gauche radicale. Le RN attend la même chose de ses adversaires et crie au sectarisme quand ceux-ci n’ajoutent pas leurs suffrages à des textes pourtant peu sulfureux.
La niche parlementaire du RN, en janvier 2023, est emblématique d’une volonté de dépolitisation, consistant à couper l’herbe sous le pied des habituels critiques. Sur les neuf propositions de loi présentées, deux ont été recopiées au mot près sur celles d’autres groupes de droite et de la majorité, et aucune ne concerne l’immigration ou la préférence nationale, même si un texte propose d’établir une présomption de légitime défense pour les membres des forces de l’ordre. Le RN met en avant des textes « qui répondent tous à des préoccupations concrètes des citoyens », défend Marine Le Pen : suppression des zones à faibles émissions, proportionnelle à un tour pour l’élection des députés, recalcul de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères… Le combat contre la réforme des retraites montre aussi que le RN préfère rester sur la réserve, quitte à donner l’impression de ne pas travailler. Et Marine Le Pen devrait, pour la prochaine niche parlementaire du RN en octobre, présenter une bonne moitié de textes consensuels.
« On dit qu’ils ont réussi leur début de mandature parce qu’ils n’ont pas pissé sur la moquette, mais la réalité c’est qu’ils n’ont rien fait », résume un ancien du RN passé chez Reconquête. Ce qu’on a appelé la « stratégie de la cravate » – une volonté de bien présenter et de se fondre dans l’institution – n’a en réalité jamais été concerté. « C’est des conneries tout ça, les gens découvrent qu’on n’est pas des barbares et ils croient que c’est une stratégie », nous avouait Nicolas Meizonnet, député RN du Gard, conscient, sans doute, que ne rien faire, c’est déjà une stratégie.
Elle est d’ailleurs employée hors des murs du palais Bourbon. Les militants lepénistes ont certes le droit de distribuer des tracts sur les marchés, mais lorsqu’un projet de centre d’accueil pour demandeurs d’asiles ou d’installation de mineurs isolés sur un territoire est rendu public, le parti défend à ses ouailles de participer aux manifestations. Lors d’un rassemblement à Saint-Brévins (Loire-Atlantique), une bonne dizaine de militants RN nous a précisé être là incognito. Les cadres de la formation assument de ne participer qu’à des événements qu’ils maîtrisent absolument. C’est la raison pour laquelle Marine Le Pen a laissé s’éteindre le traditionnel défilé du 1er mai sous la statue de Jeanne d’Arc, à Paris, qui rameutait immanquablement crânes rasés, mines patibulaires et tatouages connotés, ou qu’il n’est plus question des fêtes « bleu-blanc-rouge », où traînaient toujours quelques ouvrages de Brasillach, Venner ou Saint-Loup sur les étals. À la place, la formation politique a organisé en 2023 une « fête de la nation », le 1er mai au Havre, dans une grande salle fermée, loin du centre-ville : une extrême droite sous vide, garantie sans moisissure pour les médias.

Dans l’arrière-cuisine

Il n’est pas sûr, pour autant, que cette tentative de lisser l’image du RN permette d’en masquer totalement la nature. Aux côtés des cadres ralliés que Marine Le Pen aime mettre en vitrine subsiste une arrière-cuisine dont la formation politique ne semble avoir ni la capacité ni la volonté de se passer8.
Nous avons déjà évoqué e-Politic, cette société détenue à hauteur de 45 % par deux anciens gudards, toujours très proches de la mouvance nationaliste-révolutionnaire, qui assure la communication du RN. Si le parti prétend qu’il ne s’agit que d’un prestataire, en réalité, nombre de petites mains d’e-Politic sont aussi des militants du parti, quand ils ne sont pas élus, au point qu’il est parfois difficile de différencier les deux structures. « C’est une pépinière, explique un cadre frontiste passé par cette agence. Travailler chez eux, c’est faire de la com, s’intéresser au fond des dossiers, suivre l’actu, apprendre le sens politique… C’est très formateur.  » Son travail est essentiel dans un contexte où le RN n’a alors pas de centre de formation pour ses jeunes, ni les moyens de rétribuer ses petites mains. Le président du mouvement, Jordan Bardella, s’est ainsi entouré de deux cadres formés chez le prestataire, tous deux sont issus du FNJ, comme Paul-Alexandre Martin, fondateur de la société et aujourd’hui actionnaire majoritaire d’e-Politic. Ce dernier est généralement présenté comme le fils spirituel de Frédéric Chatillon, l’ancien patron du GUD, ami intime de Marine Le Pen.
Le pedigree radical de Paul-Alexandre Martin le pousse à piocher aussi ses recrues dans les mouvances radicales de l’extrême droite : la société a notamment compté dans ses rangs, pendant plusieurs années, la jeune assistante parlementaire du RN évoquée plus haut, mais aussi des militants de l’Alvarium, groupuscule d’extrême droite à Angers dissous en novembre 2021. L’odeur de soufre qui se dégage d’e-Politic a poussé le président du RN à promettre d’internaliser au maximum la communication de son parti. Il a oublié de préciser qu’en 2020, le même parti, en difficulté financière, s’était libéré de la quasi-totalité de son pôle de communication. L’homme chargé de couper les têtes s’appelle Jean-Lin Lacapelle, député européen et « RH » du RN : proche de la « GUD connection », ami déclaré de Frédéric Chatillon dont il a assisté au mariage en juillet 2021, Lacapelle a alors fait un beau cadeau à e-Politic.

L’antisémitisme rode encore au RN

Au fil des événements, colloques, conférences ou rapports commandés par le RN dans le cadre de sa délégation au Parlement européen, moins encadrée qu’à l’Assemblée, il est possible de retrouver tout ce que le parti de Marine Le Pen cherche à mettre sous le boisseau, à commencer par les réseaux de la nouvelle droite, ce courant de pensée marqué par le racialisme et le rejet du métissage. David L’Épée, un proche d’Alain de Benoist, fondateur de cette école, a ainsi été invité une première fois au Parlement européen pour gloser sur les dangers du « wokisme ». Sa deuxième conférence est annulée par le RN après la publication d’un article de Libération mettant au jour ses liens avec Alain Soral, sa promotion d’un dessinateur antisémite ou encore ses discours, en marge de l’Institut Iliade, sur l’idéologie du genre, qui serait une machination du financier d’origine juive George Soros pour dissuader les Blancs de faire des enfants et favoriser ainsi le « grand remplacement »9.
Pour le suppléer, le RN a fait appel, en catastrophe, à une autre figure du milieu : François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments, également proche d’Alain de Benoist et de Jean-Yves Le Gallou. Dans ces milieux contraints aux doubles discours, les petits signaux sont importants : ils permettent de se reconnaître. Ainsi, dans la Nouvelle Librairie de Bousquet trône une hure de sanglier offerte par Gilles Soulas, qui tenait une librairie, au mitan des années 1990, où l’on trouvait des ouvrages antisémites et négationnistes10.
L’antisémitisme rode encore au RN, dont les locaux arborent encore la formule du collaborationniste Jacques Doriot : « Le parti ne te doit rien, tu dois tout au parti. » Cet été, aux universités d’été du parti intégriste Civitas, un certain Pierre Hillard a émis l’idée de retirer aux juifs leur citoyenneté, selon une caricature d’antisémitisme en soutane que le RN s’est empressé de dénoncer. Pourtant, au moins deux de ses proches gravitent autour du RN. L’un, Sylvain Durain, avait été invité en mars au Parlement européen, bien qu’il eût dénoncé une « véritable infiltration juive dans les organisations mondiales telles la Croix-Rouge, les organisations autour des droits de l’homme, les ONG, et aussi (et j’aurais envie de dire surtout) l’Église ». L’autre, Thibault Kerlizin, est l’auteur d’études rémunérées par le RN, dont une concernant « l’influence des ONG » sur l’Union européenne dans laquelle il cite, comme source sérieuse, la lettre confidentielle Faits et documents qui parle des juifs comme de la « communauté organisée » et a lancé la rumeur selon laquelle Brigitte Macron serait une femme « transsexuelle ».
Ces réseaux ne sont pas sans influence sur la ligne du premier parti d’opposition, qui développe à intervalles réguliers une vision franchement complotiste du monde. Ainsi, le 1er mai 2023 au Havre, Marine Le Pen s’attaque au président de la République, au « wokisme », à l’écologie « dévoyée » des écologistes et à l’Union européenne avec des termes connotés : « Il y a les transitions auxquelles l’époque nous invite […] mais il y a aussi celles que des cénacles nous inventent, “la transition démographique”, et enfin celles qui se mettent en place à bas bruit, sans qu’on en parle, dans le dos des peuples européens, la “transition civilisationnelle”. » Elle tient en ligne de mire « les relocalisations [de demandeurs d’asile] actuellement en cours dans de très nombreux villages », qualifiées de « projet de submersion migratoire ». Elle use de nombreuses périphrases pour éviter d’assumer la théorie raciste du « grand remplacement ». On ne s’étonnera pas d’apprendre que la plume de Marine Le Pen, Philippe Olivier, n’est pas un rallié de la dernière heure, mais un authentique militant d’extrême droite dont les réseaux grenouillent autour du parti de sa belle-sœur.
Il est difficile, malgré tout, de discerner une ligne claire du RN, hormis quelques fondamentaux, au premier rang desquels la préférence nationale. Si Marine Le Pen trace une route populiste assez obstinée sur le plan économique, qui la met à distance d’une certaine droite libérale mais aussi d’une gauche sociale, il arrive même que sur son cœur de doctrine, la cheffe du RN s’amuse à nous déboussoler. Ainsi, en catimini, lors de la campagne présidentielle, Marine Le Pen a-t-elle abandonné la suppression de la double nationalité. Ce dogme était un marqueur essentiel du nationalisme, attaché au caractère exclusif de la nationalité qui s’hérite ou se mérite. « J’ai rencontré des milliers de gens, confie-t-elle désormais, par exemple des Marocains qui, juridiquement, ne peuvent renoncer à leur nationalité car leur pays l’interdit. Honnêtement, je préfère mettre ça de côté, car c’est comme mettre du sel sur des plaies ouvertes. » S’il ne s’agit pas de dénier toute capacité d’évolution à la fille de Jean-Marie Le Pen, notons tout de même que l’idée a été justifiée à l’intérieur du parti par la nécessité de faire appliquer la déchéance de nationalité : on ne peut expulser quelqu’un qui n’a plus que son passeport français. Notons également que le RN propose toujours de limiter drastiquement aux binationaux l’accès aux emplois régaliens : « On ne peut avoir deux allégeances », défend le secrétaire général du groupe à l’Assemblée, assumant à demi-mot de ne pas considérer que les ressortissants de deux pays à la fois soient des Français comme les autres10. À sa mort, le beau-frère de Marine Le Pen, le député européen Philippe Olivier, lui a rendu un discret mais clair hommage.

Notes

1. Les listes de lecture du mouvement de jeunesse lepéniste ont longtemps renvoyé à son œuvre et nombre de cadres du parti étaient ses amis personnels, comme Jean-Yves Le Gallou, bras droit de Bruno Mégret dans les années 1980 et 1990, aujourd’hui proche d’Éric Zemmour.

2. L’Institut Iliade pour longue mémoire européenne est destiné à prolonger l’œuvre de Venner et à développer une idéologie racialiste à tendance néopaïenne.

3. Le Groupe union défense (GUD) est une organisation étudiante nationaliste, révolutionnaire et antisémite, née à la fin des années 1960, maintes fois mise en sommeil et réactivée.

4. Axel Loustau, ancien conseiller régional du RN entre 2015 et 2021, s’est fait photographier dans la manifestation ; Frédéric Chatillon, ami de trente ans de Le Pen et homme clé de ses campagnes de 2012 et de 2017, a annoncé son intention de s’y rendre l’année prochaine. En retrait du RN, qu’ils continuent de soutenir, les deux hommes sont toujours actionnaires minoritaires de l’agence e-Politic, qui fait office de boîte de communication du RN.

5. Au sein de l’islam, la prudence (taqiyya) commande de dissimuler sa foi afin d’éviter les persécutions, par ésotérisme ou dans un but de conquête.

6. Alexandre Dézé, Le Front national : à la conquête du pouvoir ?, préface de Nonna Mayer, Paris, Armand Colin, coll. « Éléments de réponse », 2012.

7. Cité dans Dominique Albertini, « FN : Louis Aliot, un pilier si discret », Libération, 14 avril 2017.

8. Rien qu’à l’Assemblée, il a fallu un article de Libération pour que le groupe se sépare d’une assistante parlementaire proche des milieux néonazis. Voir Maxime Macé, Pierre Plottu et Nicolas Massol, « Nina Smarandi, l’attachée parlementaire RN qui fricote avec les néonazis », Libération, 12 janvier 2023.

9. Voir Nicolas Massol, Maxime Macé et Pierre Plottu, « Contre le wokisme, le RN enrôle un compagnon de route de nombreux antisémites », Libération, 13 avril 2023.