Et pleins pouvoirs à Emmanuel Macron

Invité par France 3 Bourgogne, dimanche 11 septembre, à son émission « Dimanche en politique », j’ai été amené à débattre sur le Conseil national de la refondation (CNR) d’Emmanuel Macron, face à Didier Martin, député macroniste de Côte-d’Or (1re circonscription) et Sébastien Martin, président divers droite de la communauté d’agglomération du Grand Chalon, président d’Intercommunalités de France (AdCF). L’occasion m’a permis de considérer le sujet avec un peu plus de profondeur qu’il n’était possible de le faire dans un contexte médiatique, certes de qualité, mais contraint par le chronomètre. Voici donc quelques réflexions sur cet évènement lourd de sens.

Voici l’homme du malheur et c’est une toison gluante sur ses épaules,
un visage qui se défait comme une cendre dans la main.
Jean Cayrol, « La terre sans nom », dans Le dernier homme, 1940

[1] Toutes les notes sont regroupées en bas de page

Emmanuel Macron a lancé son Conseil national de la refondation (CNR) le 8 septembre, au centre national de rugby de Marcoussis (Essonne). Deux jours plus tôt, même les ministres les plus importants du gouvernement d’Élisabeth Borne ne connaissaient rien du contenu détaillé de la journée d’« innovation démocratique », contenu qui s’est décidé dans le cabinet d’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée et l’éminence de tous les scandales[2]. Et le matin-même, à destination de celles ou ceux qui doutaient encore qu’il s’agit, pour lui, de court-circuiter le Parlement et toutes les autres institutions représentatives du peuple et de la nation [Conseil économique, social et environnemental / CESE, assemblées locales et territoriales, partis, syndicats, associations…], Emmanuel Macron annonçait que « dès la semaine (suivante) » une « consultation nationale très large » en ligne sera lancée pour remettre les Français « au sein des grands choix de la nation », laissant même entendre que des propositions issues des débats du CNR puissent « déboucher sur des référendums » d’initiative présidentielle…

Aux Glières, Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, le 20 mai 2017. Photo : Antoine Peillon

Annoncé dans une interview à différents titres de la presse quotidienne régionale, le 3 juin dernier, un peu plus d’un mois après l’élection présidentielle, le CNR est censé « rassembler la nation » autour de grandes priorités comme l’école, la santé, la transition écologique, le grand âge, le plein-emploi et la réindustrialisation. L’idée a muri pendant la campagne présidentielle, selon l’Élysée, afin de tendre la main à toutes « les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et des citoyens tirés au sort » dans une nouvelle instance dont le sigle se veut explicitement une référence au Conseil national de la Résistance (CNR). Le nom choisi et, avant tout, son sigle se veulent, selon les mots d’Emmanuel Macron, un « clin d’œil » (sic) hautement symbolique et assumé au Conseil national de la Résistance : « Nous vivons un temps comparable. Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèle et puis la guerre est là… »[3] Au secours !

Mascarade

Les Insoumis voient dans le CNR d’Emmanuel Macron une « expression du mépris du président pour le Parlement », résumait alors Paul Vannier (député LFI/Nupes), avant de préciser : « Privé de majorité, le président semble vouloir contourner le Parlement pour le piétiner. Il est hors de question de participer à ce simulacre où le monarque se met en scène. Face à la démocratie qui lui échappe, il tente une machine à gaz à laquelle on ne comprend rien… »

A droite, le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, a refusé de participer à la mascarade, estimant que « la démocratie représentative », c’est le Parlement, et qu’il existe déjà un « forum de la société civile » avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE). « On a l’impression qu’on est devant un événement médiatique organisé par le président de la République pour son image », déplorait aussi la députée LR de Savoie Émilie Bonnivard, pour qui « toutes les instances de décisions existent déjà, et la première, c’est l’Assemblée nationale ». Interrogée début septembre par l’Élysée sur sa participation ou non, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, questionnait en retour : « Quel est le programme ? » L’annonce du décollage de l’ex-premier ministre Édouard Philippe, lundi 5 septembre, pour un voyage de cinq jours au Québec, portait un coup supplémentaire à l’initiative présidentielle. Malaise en Macronie…

Aux Glières – 2, Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, le 20 mai 2017. Photo : Antoine Peillon

Quoi qu’il en soit, deux partis seulement ont répondu positivement à l’invitation : La République en marche, le parti présidentiel, qui sera bientôt renommé Renaissance, et le MoDem de François Bayrou, maire de Pau, haut-commissaire au Plan depuis septembre 2020, qui s’occupera d’ailleurs du secrétariat général du CNR.

Ont annoncé qu’ils participaient avec des réserves : Horizons, sans Édouard Philippe qui « ne croit absolument pas au CNR » (selon un de ses proches auprès de France Info) ; les principales associations d’élus [Association des maires de France (AMF), Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France, toutes trois réunies sous la bannière commune de Territoires unis] qui avaient même décidé, dans un premier temps, de ne pas participer au CNR ; le Conseil économique, social et environnemental (Cese) ; la CFDT ; la CFTC ; l’UNSA ; même le Medef et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) !

Ont tout simplement refusé de se prêter à cette mascarade : la France insoumise, le PS, le PCF, EELV, la CGT, FO, Solidaires, la FSU, la CFE-CGC…, sans parles de LR et du RN. Un camouflet à son altesse jupitérienne[4].

Réactions de la Nupes

LFI. L’instance est vue comme une « saison 2 du grand blabla » par Jean-Luc Mélenchon.
EELV. Pour le secrétaire d’EELV Julien Bayou, « si c’est une grand-messe, où il [Emmanuel Macron] est en bras de chemise et fait le one-man-show, ça on l’a déjà vu, ça ne sert à rien ».
PS. Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, « si c’est une nouvelle mise en scène, ça n’a aucun intérêt ».
PCF. « Tout montre qu’il s’agit d’une volonté du président de contourner l’instance démocratique, notamment l’Assemblée nationale », a expliqué le communiste Ian Brossat.

Aux Glières – III, Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, le 20 mai 2017. Photo : Antoine Peillon

Crédibilité épuisée

Au lendemain de cette garden-party sur gazon synthétique, à huis clos !, la radio publique ne trouvait que l’obscur sociologue macroniste Jean Viard pour déclarer encore, mais avec un minimum de prudence, souhaitant sans doute y être invité un jour en tant que « penseur professionnel » (sic) : « Peut-être sortira de ce Conseil national de la refondation un sentier qui deviendra le chemin vers demain. »[5]

Car la crédibilité politique d’Emmanuel Macron est épuisée. La décision de réunir, début septembre, un conseil de défense sur les questions énergétiques fut un coup définitif porté à ses déclarations de bonne volonté démocratique. « Dormez bien, braves gens, Jupiter s’occupe de tout. Macron a peur du peuple et du débat à l’Assemblée nationale. Il foule aux pieds la démocratie ! », a alors réagi la députée LFI/Nupes de l’Isère Élisa Martin, sur Twitter. Quant à l’hypothèse d’un recours au 49.3, ouverte par Élisabeth Borne, pour le vote du budget…

De fait, l’idée du CNR macronien est apparue comme un « coup politique » du président en pleine campagne électorale pour répondre à ceux qui critiquaient « une forme de pouvoir trop verticale et peu transparente », selon le politologue Loïc Blondiaux, spécialiste de la démocratie participative, interrogé par Le Monde[6]. Une arrière-pensée politique « extrêmement claire » qui est, de plus, très mal servie par les précédentes tentatives de démocratie participative du chef de l’État. Après le grand débat national qui « n’a pas eu d’impact réel » et la convention citoyenne pour le climat qui n’a vu quasiment aucune de ses conclusions reprises, cette nouvelle tentative « apparaît comme un pétard mouillé », analyse le politologue, qui assène : « Cette (nouvelle) promesse de concertation et de prise en compte de la société n’est plus crédible. »

« Usurpation »

Toujours dans Le Monde, Marie-Hélène Bacqué, sociologue, professeure d’études urbaines à l’université de Paris-Nanterre, et Yves Sintomer, professeur de science politique à l’université Paris VIII, signaient une tribune indignée, notamment par l’« usurpation » du signe CNR : « Le sigle CNR apparaît comme une usurpation. Certes, une refondation est nécessaire, comme elle l’était après la seconde guerre mondiale. Cependant, le Conseil national de la Résistance incarnait une tout autre démarche. Il résultait d’une coordination entre des courants différents, allant des gaullistes aux communistes en passant par les démocrates-chrétiens et les socialistes. L’objectif commun était la lutte contre l’Occupation, mais aussi la mise en place d’un nouvel ordre social et économique. Il reposait sur un programme qui se voulait une synthèse entre les différents courants progressistes du pays, basé sur un compromis politique et de classe. Or, pour le moment, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne ont refusé de mettre en discussion leur programme électoral, malgré l’étroitesse évidente de leur base électorale. Ils essaient de marginaliser ou de fracturer la principale force de l’opposition, la Nupes, et se contentent d’accords au coup par coup avec la droite traditionnelle des Républicains. Le dialogue avec les syndicats et les associations, notamment écologistes, est au point mort ou presque. »

Aux Glières – IV, le 20 mai 2017. Photos : Antoine Peillon

Quant à l’historien Fabrice Grenard, directeur historique de la Fondation de la Résistance, il remarquait, le 8 septembre : « On voit bien que le fait de reprendre le même acronyme [que le Conseil national de la Résistance] est une façon pour Emmanuel Macron de se placer dans la lignée de la Résistance qui reste, dans notre histoire contemporaine, la dernière grande page héroïque. On comprend la force du symbole. » Cependant, « le programme du CNR originel peut être comparé avec ce qu’avaient fait les forces de gauche entre 1934 et 1936 en vue du Front populaire, ou ce que feront le Parti socialiste et le Parti communiste dans les années 1970 avec le programme commun : l’idée de se mettre d’accord sur un programme qu’on appliquera une fois au pouvoir. Or, Emmanuel Macron est au pouvoir, il a été élu et il n’y a pas eu de programme commun avec d’autres forces avant l’élection. Les clivages politiques restent importants. »[7] Est-ce déjà assez clair ?

Profanation

Les confédérations syndicales qui ont rejeté l’invitation d’Emmanuel Macron à son CNR de contrebande se sont toutes exprimées sur son évidente provocation.

La FSU, dès le 10 juin 2022, réagissait : « La référence explicite, via l’acronyme, au Conseil national de la Résistance, a de quoi interroger mais aussi indigner. Dès 1943, le programme du Conseil national de la Résistance, qui sera largement mis en œuvre, comprend notamment « un plan complet de sécurité sociale » et « des retraites étendues à toutes les catégories de salariés ». Or, dans sa nouvelle formule, le président a prévenu : sur les retraites, par exemple, le CNR devra discuter dans le cadre du recul de l’âge de départ posé comme un préalable. On s’inscrit ainsi dans la dynamique exactement inverse à celle voulue à la Libération et qui constitue encore aujourd’hui une grande partie des acquis sociaux, on reprend l’acronyme « CNR » pour faire l’inverse de l’ambition qu’il affiche, on dévoie la référence. »[8] Ajoutant, le 6 septembre dernier : « Se référer au CNR de 1944, celui qui a jeté les bases d’une démocratie politique mais aussi sociale, sanitaire et économique, est à contresens de l’Histoire quand la version de 2022 s’inscrit dans le cadre imposé de l’austérité budgétaire et d’attaques programmées contre la sécurité sociale, de nouvelles menaces sur les conditions d’exercice du droit à la retraite, sur fond de refus d’engager une politique plus redistributive. »[9]

De son côté, la CGT publiait, le 6 septembre, un courrier limpide : « Monsieur le président de la République, Le Conseil national de la Résistance auquel des dirigeants de la CGT ont largement participé, a permis d’élaborer un programme, qui portait le nom « Les jours heureux », durant l’Occupation nazie de la France et sa mise en œuvre dès la Libération. Ce programme ne fut pas seulement une réponse au fascisme et à la collaboration du gouvernement de Vichy, mais bien le symbole de la Résistance. Il fut construit, effectivement dans un cadre d’unité nationale sur la base d’avancées sociales considérables dans la suite du Front populaire telles, la sécurité sociale et la retraite, la création des comités d’entreprise et de leurs prérogatives, la nationalisation d’entreprises industrielles comme Renault ou de l’électricité et du gaz, de la Banque de France et de grandes compagnies d’assurances, le statut de la fonction publique pour n’en citer que quelques-unes. L’énoncé de ces mesures, et les lois qui en découlent, sont aux antipodes du programme que vous portez depuis 2017 et des lois que vous avez mis en œuvre. L’utilisation du sigle CNR ressemble à de l’usurpation sociale et historique, à de la communication dont nous ne pouvons être dupes. »[10]

Enfin, l’union syndicale Solidaires, dénonçait « une référence explicite au Conseil national de la Résistance » qui « est en soi une provocation », précisant : « Nous rappelons que ce Conseil après la guerre a mis en place le système de la sécurité sociale et d’autres avancées, que les politiques néolibérales pratiquées par Macron sapent continuellement, à la faveur d’un capitalisme qui n’a que faire des systèmes de solidarité collectifs. Nous rappelons que ce Conseil national de la Résistance était présidé par Jean Moulin, Résistant. Or l’invitation du Rassemblement national, donc de l’extrême droite, dans ce contexte, est un scandale en soi. On ne joue pas avec les symboles de l’histoire pour les salir. Le Front national (devenu RN) a été fondé par des personnes qui, à l’opposé de la Résistance, étaient en lien avec le fascisme, la collaboration et le régime de Vichy. »[11]

Aux Glières – V, Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, le 20 mai 2017. Photo : Antoine Peillon

De mon point de vue, bien plus qu’une « usurpation », le « clin d’œil » d’Emmanuel Macron au Conseil national de la Résistance[12] est une profanation. Le président de la République, qui remet sciemment en lumière Pétain et Maurras[13], et dont les députés godillots courtisent l’extrême-droite (RN)[14], est coutumier du fait. Le 13 avril 2020, il se permettait déjà un « Nous retrouverons les Jours heureux », un détournement qui suscita, entre autres, cette réaction du documentariste Gilles Perret[15] : « Sur le moment je n’y croyais pas. C’est du même ordre que Nicolas Sarkozy citant Guy Môquet. Je me suis dit : non, pas lui ! Depuis une bonne centaine d’années, on n’a jamais eu un président aussi libéral qu’Emmanuel Macron, et donc aux antipodes du contenu et de la volonté du programme du CNR. J’avais juste envie de dire : tais-toi. »[16] Il est vrai que notre époque orwellienne n’est pas avare en subversion du sens des noms et des moments les plus glorieux de notre histoire[17], comme en témoignent, entre autres, la Fondation Jean Jaurès, dont le directeur général, Gilles Finchelstein, est un suppôt du social-libéralisme[18] et d’Emmanuel Macron, pilier de Havas Worldwide (ex-Euro-RSCG)[19], la célèbre et sulfureuse agence de communication, propriété du milliardaire Vincent Bolloré, ou la revue d’extrême-droite Front populaire[20], fondée en 2020 par un Michel Onfray à la dérive…

Contre « le règne du fric »

Il me faut donc revenir au programme du Conseil national de la Résistance, afin d’opposer à sa profanation par Emmanuel Macron son sens historique véritable, presque sacré.[21] Je le fais aussi par devoir de mémoire vis-à-vis des miens, mes parents, leurs compagnons et amis de la Résistance, dont la présence, chez nous, a tant éclairé mon éducation. Il me faut, aujourd’hui, où l’infâme accusation d’antisémitisme a été proférée contre le mouvement politique insoumis dont je porte les couleurs, citer leurs noms : Pierre Pfeffer, mon parrain, Jean-Pierre Vernant, Georges Charpak, Claude Alphandéry, Claude Lévy, Étienne Baulieu (Blum), mon oncle, mais aussi Lucie et Raymond Aubrac, Edgar Morin…

Le 16 juin 2015, Edgar Morin me raconta ainsi ce qu’avait été pour lui le sens de sa Résistance, à l’époque de l’Occupation [entretien vidéo pour cogito.TV].

À propos du programme du Conseil national de la Résistance (CNR), publié en mars 1944 sous le titre Les Jours heureux, il soutenait que « le programme du CNR était une façon à la fois juste et naïve d’annoncer cette démocratie sociale » qu’il espérait avec la plupart de ses camarades. Il analysait : « Il s’agissait de marquer une rupture avec la IIIe République, qui était frappée d’un profond discrédit, avec ses scandales à répétition, son incapacité à surmonter la crise, les événements du 6 février 1934 ou encore les échecs du Front populaire. » Et concernant notre époque, d’affirmer : « Je crois que, dans nos temps actuels, il faut résister contre les deux grandes menaces que sont le retour des fanatismes religieux, ethniques et nationalistes, d’un côté, et le pouvoir hégémonique de la spéculation financière, de l’autre. Derrière le règne du fric, c’est le règne du calcul qui est en train de s’imposer. »

Claude Alphandéry, aux Glières, le 20 mai 2017. Photo : Antoine Peillon

Claude Alphandéry, ancien lieutenant-colonel des Forces françaises de l’intérieur (FFI), fut énarque, diplomate, expert économique auprès de l’ONU à New York, président de la Banque de construction et des travaux publics. Un temps conseiller de Michel Rocard et de François Mitterrand, l’ancien banquier a témoigné de la continuité de l’esprit de Résistance dans toutes ses activités militantes, jusqu’à aujourd’hui. Dans un petit livre très personnel[22], Claude Alphandéry rappelait : « En m’attachant depuis trente ans à l’économie sociale et solidaire, je pense avoir retrouvé les valeurs de résistance qui ont traversé les générations de mes aïeux. Je vis moi-même mes derniers combats entre inquiétude et espérance : les capteurs de pouvoir et d’argent sécrètent des illusions, des fantasmes, des frustrations, des détresses, des angoisses et des boucs émissaires. Mais beaucoup d’autres, avec qui je vis de grands moments d’espérance, ont appris à mieux utiliser leurs connaissances pour défendre nos chances de bâtir un nouveau monde. Comment ne pas voir l’urgence d’organiser, avec eux, cette Résistance, d’affermir cette occasion de renouveau ? »

« L’actuelle dictature »

Par ailleurs, depuis quelques années, un autre compagnon d’Edgar Morin et de Claude Alphandéry, Stéphane Hessel, n’a cessé d’exprimer sa conviction que le temps de la Résistance était bien à nouveau d’actualité. Né à Berlin en 1917, naturalisé français en 1937, élève à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 1939, il rejoint dès mai 1941 la France libre du général de Gaulle, à Londres. Travaillant alors au Bureau de contre-espionnage, de renseignement et d’action (BCRA), il mène des missions clandestines en France, en 1944, avant d’être arrêté, torturé, déporté et de réussir finalement à s’évader… En 2010, il publiait Indignez-vous !, un livret dont la diffusion se compta rapidement en centaines de milliers d’exemplaires[23]. À l’âge de 93 ans, il s’exclamait : « Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : les années de Résistance et le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil national de la Résistance ! […] De ces principes et de ces valeurs, nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin. Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas cette société des sans-papiers, des expulsions, des soupçons à l’égard des immigrés, pas cette société où l’on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité sociale, pas cette société où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner si nous avions été les véritables héritiers du Conseil national de la Résistance. »

Avec Claude Alphandéry, aux Glières, le 20 mai 2017. Photo : Antoine Peillon

Souhaitant insuffler l’énergie morale de la révolte dans les générations actuelles, Stéphane Hessel écrivait encore : « Le motif de base de la Résistance était l’indignation. Nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l’héritage de la Résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie. Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir votre motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint ce courant de l’histoire et le grand courant de l’histoire doit se poursuivre grâce à chacun. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté, mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler. »[24]

Les [vrais] Jours heureux

En mars 2012, à peine un an avant sa mort survenue le 27 février 2013, Stéphane Hessel écrivait la présentation d’une nouvelle édition du programme du Conseil national de la Résistance, sous le titre Vérités d’hier, Résistances d’aujourd’hui[25]. Il nous laissait ainsi un testament politique dans lequel il réaffirmait : « Le Programme insiste sur l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, le droit au travail et le droit au repos, la sécurité sociale et de l’emploi, l’éviction des féodalités économiques et financières de la direction de l’économie, la nationalisation des grands moyens de production, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des assurances et des grandes banques, la possibilité effective pour tous les enfants, quel que soit leur origine, de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture, pour réellement fonder une république nouvelle. Tout le sens de mon petit livre Indignez-vous !, c’est de rappeler que ces valeurs, qui devrait nous être chères aujourd’hui encore, ne sont plus respectées. »[26]

Au-delà du rappel des objectifs du programme du Conseil national de la Résistance, l’ancien diplomate, qui fut secrétaire de la commission ayant élaboré, à l’ONU, la Déclaration universelle des droits de l’homme, en 1948, appelait une dernière fois ses concitoyens à « réinventer la démocratie ». Il affirmait, non sans une profonde inquiétude : « La démocratie est un objectif difficile à atteindre, mais il mérite que l’on s’y consacre. Certaines mesures du programme du CNR, destinées à être appliquées dès la Libération, l’ont été, mais bien sûr pas toutes. Et combien subsistent vraiment aujourd’hui ? Par exemple, celles concernant l’établissement d’une démocratie qui se veuille la plus large possible et rende la parole au peuple français. Sur ce point, on peut se demander si la France d’aujourd’hui est encore démocratique. Je ne le pense pas, ne serait-ce que parce que nous avons un président élu au suffrage universel, ce qui pour moi est contraire à la vraie démocratie. C’est antidémocratique au sens britannique du terme. Et au sens du Conseil national de la Résistance, qui ne souhaitait pas ce mode d’élection. Nous sommes incontestablement dans un processus de “dessèchement” de la démocratie. […] En France, nous observons depuis plusieurs décennies une dérive de l’appareil d’État vers une forme d’autocratie. […] Sur le seul plan des institutions, notre Constitution de la Ve République, transformée en 1961 par l’élection du président au suffrage universel, n’est pas démocratique. »[27]

L’Appel des Résistants

Accueil des étrangers, progrès social, solidarité économique, démocratie, non-violence, écologie… Les lignes de fond de l’idéal et de l’action du Résistant perpétuel [Stéphane Hessel] étaient ainsi clairement tracées afin d’orienter les citoyens d’aujourd’hui. Des lignes de fond éthiques et politiques partagées par tous ses anciens camarades, vétérans les plus célèbres de la Résistance contre la Collaboration et les nazis.

La Résistance en Côte-d’Or, le maquis Vauban et le maquis Verneuil. Photo : Antoine Peillon

En témoigne l’Appel à la commémoration du soixantième anniversaire du programme du CNR, proclamé à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, le 8 mars 2004, à l’initiative des associations Attac et Nantes est une fête. Sa première publication fut suivie la semaine suivante d’un colloque, à Nanterre (Hauts-de-Seine), en présence des derniers Résistants les plus importants, d’historiens et de responsables associatifs ou syndicaux. À l’occasion, le texte fut renommé « Appel des Résistants aux jeunes générations ». Voici les passages les plus significatifs du message que ces personnalités souhaitaient transmettre aux générations actuelles : « Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre, appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle. […] Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais. » L’essentiel de ces trois gestes tient en quelques lignes :

  • « Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. »
  • « Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, […] sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales. »
  • « Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. »

L’Appel se concluait ainsi : « Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : “Créer, c’est résister. Résister, c’est créer.” » Il était signé par Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant et Maurice Voutey.

Insoumis

En 2007, 2008 et 2009, l’esprit de Résistance, pour reprendre le titre d’un livre de Serge Ravanel[28], a soufflé fort lors des rassemblements citoyens qui prirent place sur le plateau des Glières (Haute-Savoie), haut-lieu de la Résistance où un Maquis fut décimé en mars 1944 par les nazis et la milice française. À l’appel de Stéphane Hessel et de Raymond Aubrac, l’association Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui entendait dénoncer « l’imposture » de Nicolas Sarkozy, lequel était venu aux Glières, à trois reprises, afin d’y affirmer que son action politique était la continuation du programme du Conseil national de la Résistance… En 2010, les Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui republiaient le programme du CNR sous son très beau titre d’origine : Les Jours heureux[29].

Le 17 mai 2009, les Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui organisèrent, sur le plateau des Glières, un rassemblement de près de 4 000 personnes, venues sans banderoles, ni tracts, ni insignes politiques. Après Raymond Aubrac et d’autres orateurs, Stéphane Hessel concluait cette réunion par un dernier discours : « Sachez que la désobéissance, la préférence donnée aux valeurs par rapport à la loi, c’est une partie de notre citoyenneté, de notre citoyenneté résistante. Résister, c’est refuser d’accepter le déshonneur, c’est continuer à s’indigner lorsque quelque chose est proposé qui n’est pas conforme à ses valeurs, qui n’est pas acceptable, qui est scandaleux. » Se tournant vers les plus jeunes, venus nombreux, il les avertissait qu’ils allaient « avoir en face d’eux un monde avec des défis qui ne peuvent être abordés utilement qu’en restant fermement attachés aux valeurs fondamentales sans lesquels notre humanité risque de péricliter. »[30]

Comment refuser ou seulement ignorer encore que les leçons des Résistants à l’occupation nazie, tissées d’idéaux humanistes et sociaux, forgées dans l’épreuve de la haine et de la violence, puissent inspirer et même guider la citoyenneté actuelle ? Comment ne pas comprendre, en les écoutant ou en les lisant, qu’il ne peut y avoir de saine et bonne politique que fondée sur la « vertu morale » ? C’est ce que Tzvetan Todorov (1939-2017) a souhaité démontrer à partir des destins d’une pléiade d’« insoumis »[31]. Ressuscitant les pensées et les actes les plus significatifs d’Etty Hillesum, de Germaine Tillion, de Boris Pasternak, d’Alexandre Soljenitsyne, de Nelson Mandela, de David Shulman et d’Edward Snowden, l’historien et philosophe relève que « le trait commun de tous les personnages dont je relate le destin est le refus de se soumettre docilement à la contrainte ». Il ajoute que « l’insoumission est en même temps une résistance, une affirmation ». Développant cette idée dialectique de l’insoumission, Todorov explique : « C’est un double mouvement permanent, où l’amour de la vie se mêle inextricablement avec la détestation de ce qui l’infecte. Résister signifie, d’abord, une forme de combat qu’un ou plusieurs êtres humains livrent contre une autre action, physique et publique, menées par d’autres humains. » Mais, au-delà de l’opposition plus ou moins violente à d’autres hommes, l’insoumission « s’entend aussi dans un autre sens, non plus par opposition à un adversaire plus puissant, mais par rapport à des forces impersonnelles qui agissent à l’intérieur de nous », et l’essayiste de conclure : « Ces divers personnages ont quelques autres traits communs, en particulier chacun est engagé simultanément dans l’action et dans la réflexion, la pratique et la théorie : ils sont acteurs de la vie publique et, en même temps, écrivent des textes ou prononcent des discours publics. »[32]

Vive le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) et vivent les Jours heureux !

Nous autres, Insoumis, n’oublions pas la leçon de l’Histoire, malgré les injures et la profanation.[33]

Antoine Peillon
Dijon, le mardi 13 septembre 2022


[2] Dossier « L’affaire Kohler » de Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/economie/dossier/l-affaire-kohler

[3] L’entretien in extenso : https://www.ouest-france.fr/politique/emmanuel-macron/entretien-ma-nouvelle-methode-les-confidences-d-emmanuel-macron-4af35d24-e355-11ec-afe2-d5ee186a9723 et un bon commentaire : https://www.marianne.net/agora/analyses/oubliez-le-cnr-de-macron-celui-de-jean-moulin-avait-plus-de-gueule

[4] « Une main tendue… dans le vide » : https://www.challenges.fr/politique/le-cnr-un-camouflet-pour-emmanuel-macron_825908

[5] « Jean Viard : Le Conseil national de la refondation doit dessiner un chemin vers demain » : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/question-de-societe/jean-viard-le-conseil-national-de-la-refondation-doit-dessiner-un-chemin-vers-demain_5329495.html

[6] « Conseil national de la refondation : quatre questions sur la nouvelle instance voulue par Emmanuel Macron » (Le Monde, 7 septembre 2022) : https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/09/07/conseil-national-de-la-refondation-quatre-questions-sur-la-nouvelle-instance-voulue-par-emmanuel-macron_6140621_823448.html

[7] « L’historien Fabrice Grenard revient, dans un entretien au « Monde », sur le parallèle tracé, par Emmanuel Macron, avec le Conseil national de la Résistance. » (Le Monde, 8 septembre 2022) : https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/09/08/conseil-national-de-la-refondation-comme-en-1944-nous-sommes-dans-un-moment-de-bascule_6140696_823448.html

[8] « Le CNR ? » (tribune de la FSU, 10 juin 2022) : https://fsu.fr/le-cnr/

[9] « Créer et réunir les conditions d’un véritable dialogue social respectueux. La FSU ne se rendra pas à la réunion de lancement du CNR. » (FSU, 6 septembre 2022) : https://fsu.fr/creer-et-reunir-les-conditions-dun-veritable-dialogue-social-respectueux-la-fsu-ne-se-rendra-pas-a-la-reunion-de-lancement-du-cnr/

[10] « Réponse de la CGT à l’invitation du président de la République à participer au Conseil National de la Refondation. » (6 septembre 2022) : https://www.cgt.fr/actualites/france/interprofessionnel/mobilisation/courrier-emmanuel-macron-sur-le-cnr

[11] « Solidaires n’ira pas au Conseil national pour la refondation. » (6 septembre 2022) : https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/communiques/solidaires-nira-pas-au-conseil-national-pour-la-refondation/

[12] « Le Conseil national de la Résistance » (Wikipédia) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_national_de_la_R%C3%A9sistance

[13] « Francis Kalifat (président du CRIF) répond à Emmanuel Macron après ses propos sur Pétain et Maurras. » (Times of Israel, 28 décembre 2020) https://fr.timesofisrael.com/francis-kalifat-repond-a-emmanuel-macron-apres-ses-propos-sur-petain-et-maurras/ et Dominique Sopo, président de SOS Racisme : « Emmanuel Macron relance le débat sur l’identité nationale par des clins d’œil douteux. » (Le Monde, 23 décembre 2020) : https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/23/emmanuel-macron-relance-le-debat-sur-l-identite-nationale-par-des-clins-d-il-douteux_6064344_3232.html Lire, à propos de l’intrigante légitimation de Vichy par Emmanuel Macron (après Chirac, Sarkozy et Hollande) : Vél’d’hiv’, 16 juillet 1942. Où était la France ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2018), de l’historien gaulliste François Broche, ainsi que l’article parfaitement complet de L’Insoumission, « Pétain grand soldat, pays réel, nation organique : Macron, le nauséabond glissement vers la rhétorique d’extrême-droite » (19 juillet 2022).

[14] « Collaboration » (Antoine Peillon, blog de la NUPES 2101, 29 juin 2022) : https://antoinepeillon2022.wordpress.com/2022/06/29/collaboration/ et « L’heure de vérité » (Antoine Peillon, blog de la NUPES 2101, 18 juillet 2022) : https://antoinepeillon2022.wordpress.com/2022/07/18/lheure-de-verite/

[15] Cofondateur de l’association Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, il a réalisé trois films qui portent sur le programme du CNR : Walter, retour en résistance (2009), Les Jours heureux (2013) et La Sociale (2016).

[16] Mathieu Dejean, « Pourquoi la référence aux Jours heureux dans le discours de Macron ne passe pas », Les Inrockuptibles, 14 avril 2020 : https://www.lesinrocks.com/actu/pourquoi-la-reference-aux-jours-heureux-dans-le-discours-de-macron-ne-passe-pas-150077-14-04-2020/#

[17] Le phénomène d’inversion du sens commun est typique de la LTI, la Lingua Tertii Imperii (Langue du Troisième Reich) décryptée par Victor Klemperer dans son journal tenu de 1919 à décembre 1945, en Allemagne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lingua_Tertii_Imperii

[18] « Social-libéralisme » (Wikipédia) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Social-lib%C3%A9ralisme

[19] Mathieu Magnaudeix et Ellen Salvi, « Havas tisse sa toile autour de Macron », Mediapart, 5 septembre 2017 : https://www.mediapart.fr/journal/france/050917/havas-tisse-sa-toile-autour-de-macron

[20] Abel Mestre et Lucie Soullier, « Avec sa nouvelle revue Front populaire, Michel Onfray séduit les milieux d’extrême droite », Le Monde, 19 mai 2020 : https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/05/19/avec-sa-nouvelle-revue-michel-onfray-devient-la-coqueluche-de-l-extreme-droite_6040150_823448.html et « Les dessous inquiétants du Front populaire« , par Jonathan Durand Folco, Ricochet, 19 octobre 2020 : https://ricochet.media/fr/3332/les-dessous-inquietants-du-front-populaire- Pour revenir à l’authentique Front populaire : Jean Vigreux, Le Front populaire, PUF, coll. Que sais-je ?, 2022 (nouvelle édition).

[21] A partir d’ici, je reprends certains passages de mon livre Résistance ! (Seuil, 2016), notamment dans son chapitre IX, « L’esprit de Résistance ». Livre en téléchargement libre, avec Ces 600 milliards… (Seuil, 2012) et Corruption (Seuil, 2014) aussi : https://leveilleurnetwork.blogspot.com/2019/05/ces-600-milliards-corruption-resistance.html

[22] Claude Alphandéry, Une famille engagée, Odile Jacob, 2015.

[23] Stéphane Hessel, Indignez-vous!, Indigène éditions, 2010, éd. revue et augmentée, décembre 2011.

[24] Ibid., p. 11 et 12.

[25] Stéphane Hessel, Vérités d’hier, Résistances d’aujourd’hui. Suivi du programme du Conseil national de la Résistance, L’Esprit du temps, 2012.

[26] Ibid., p. 19 et 20.

[27] Ibid., p. 23-26.

[28] Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Seuil, coll. « L’histoire immédiate », 1995.

[29] Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, Les Jours heureux, La Découverte, 2010.

[30] Ibid., p. 163-165.

[31] Tzvetan Todorov, Insoumis, Robert Laffont/Versilio, 2015. En poche : https://www.livredepoche.com/livre/insoumis-9782253186229

[32] Ibid., p. 33, 34 et 37.

[33] Marc Endeweld, Le Choix de l’insoumission. Entretien biographique avec Jean-Luc Mélenchon, Seuil, 2016, et en collection de poche (Points, 2017) : https://www.editionspoints.com/ouvrage/le-choix-de-l-insoumission-jean-luc-melenchon/9782757866900) et Le Journal de l’Insoumission https://www.leji.fr/