Les États-Unis ont présenté un projet de résolution à l’ONU appelant à un « cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages » détenus par le Hamas.

Le 13 septembre 1993, réunis par le président américain Bill Clinton, le dirigeant de l’OLP, Yasser Arafat, et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, accompagnés de leurs ministres des Affaires étrangères, Mahmoud Abbas et Shimon Peres, signent, à Washington, une déclaration de principe de reconnaissance mutuelle et d’autonomie de la Palestine, sous les applaudissements de la communauté internationale. DR

Dans une interview à une chaîne de télévision saoudienne, Al Hadath, mercredi 20 mars au soir, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a annoncé que les États-Unis ont présenté un projet de résolution aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un « cessez-le-feu immédiat » dans la bande de Gaza. Avec une condition sine qua non : l’arrêt des combats doit être « lié à la libération des otages » détenus dans l’enclave palestinienne par le Hamas. « Nous espérons vivement que les pays la soutiendront », a-t-il ajouté, en marge d’une visite dans le royaume saoudien consacrée à la guerre entre Israël et le Hamas.

Le texte de la résolution souligne « la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de tous côtés, permettre la fourniture de l’aide humanitaire essentielle » et « soutient sans équivoque les efforts diplomatiques internationaux pour parvenir à un tel cessez-le-feu en lien avec la libération des otages encore détenus ». Cependant, aucun vote n’est pour l’instant programmé sur ce texte.

« Bien sûr, nous nous tenons aux côtés d’Israël et son droit à se défendre (…) mais en même temps, il est impératif que les civils qui sont en danger et qui souffrent si terriblement – que nous nous focalisions sur eux, que nous faisions d’eux une priorité, en protégeant les civils et en leur procurant une aide humanitaire », a aussi déclaré Antony Blinken.

Le Hamas est la partie qui entrave les négociations, selon le chef de la diplomatie américaine, qui a exprimé l’espoir que le groupe terroriste puisse encore rendre possible le cessez-le-feu dont les habitants de Gaza ont tant besoin. « Le Hamas est revenu avec d’autres demandes, d’autres exigences. Mais je pense que c’est tout à fait faisable et que c’est tout à fait nécessaire », a-t-il poursuivi. « Si le Hamas se soucie un tant soit peu du peuple qu’il prétend représenter, alors il parviendra à un accord, car cela aura pour effet immédiat d’instaurer un cessez-le-feu, de soulager l’immense souffrance des gens et d’apporter davantage d’aide humanitaire », a ajouté Antony Blinken.

À une question d’Al-Hadath, le chef de la diplomatie américaine a répondu que « si le Hamas était réellement pragmatique, il n’aurait jamais fait ce qu’il a fait le 7 octobre », avant d’ajouter : « Et après cela, tout aurait pu se terminer immédiatement s’ils avaient cessé de se cacher derrière des civils, déposé leurs armes, libéré les otages. Nous n’aurions alors pas assisté à ces terribles souffrances. » Puis de conclure : « Mais même dans ce cas, il incombe à Israël de faire de la protection des civils et de l’aide à leur apporter une priorité absolue. »

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Depuis qu’ils ont bloqué, fin février, un projet de résolution algérienne réclamant un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » à Gaza, les Américains négociaient un texte alternatif focalisé sur le soutien aux efforts diplomatiques sur le terrain pour aboutir à une trêve de six semaines en échange de la libération des otages.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken va aussi discuter de la nécessité d’assurer une défaite du Hamas, « y compris à Rafah », a déclaré, le même jour (mercredi 20 mars), le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, confirmant la visite en Israël du chef de la diplomatie américaine, vendredi 22 mars.

L’administration Biden a plaidé, dès mardi 19 mars, pour une opération plus limitée à Rafah et dans d’autres parties de Gaza, qui ciblerait les chefs militaires du Hamas, mais aussi pour la sécurisation de la frontière entre l’Égypte et Gaza afin d’arrêter la contrebande, un renforcement de l’aide humanitaire par de nouveaux points d’accès à l’enclave, et la promotion d’une alternative viable au régime du Hamas pour le gouvernement de Gaza.

Washington a l’intention de discuter de ces plans alternatifs lors de la visite de la délégation israélienne aux États-Unis, en début de semaine prochaine, mais ils figureront clairement à l’ordre du jour de Blinken lorsqu’il arrivera à Tel Aviv, ce vendredi.

« Blinken discutera également des négociations en cours pour obtenir la libération de tous les otages », a affirmé Matthew Miller, dans un communiqué. « Il discutera de la nécessité de vaincre le Hamas, y compris à Rafah, tout en assurant la protection de la population civile, sans entraver l’acheminement de l’aide humanitaire, et en renforçant la sécurité générale d’Israël », a-t-il encore ajouté.

Le Jacquemart

MAJ du 22 mars

La Russie et la Chine ont mis leur véto vendredi 22 mars à une résolution américaine à l’ONU soulignant la « nécessité » d’un cessez-le-feu « immédiat » à Gaza, l’ambassadeur russe dénonçant un texte « hypocrite » qui n’appelle pas directement à faire taire les armes…
Le projet de résolution américaine qui insiste sur la « nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable » en lien avec la libération des otages, a recueilli 11 voix en sa faveur, trois voix contre (Russie, Chine et Algérie) et une abstention (Guyana).
Jeudi 21, Nate Evans, porte-parole de l’ambassadrice américaine à l’Organisation des Nations Unies (ONU), Linda Thomas-Greenfield, avait annoncé dans un communiqué que les États-Unis soumettraient au vote du Conseil de sécurité de l’ONU leur projet de résolution appelant à « un cessez-le-feu immédiat à Gaza dans le cadre d’un accord sur les otages ». « Cette résolution est une occasion pour le Conseil de parler d’une seule voix pour soutenir la diplomatie sur le terrain et faire pression sur le Hamas pour accepter l’accord sur la table », a-t-il estimé.
Les votes de Moscou et Pékin « s’expliquent par deux raisons profondément cyniques. Premièrement, la Russie et la Chine n’ont toujours pas pu se résoudre à condamner les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre […], l’attaque la plus meurtrière contre les Juifs depuis l’Holocauste. Ce n’est pas seulement cynique, c’est aussi mesquin… La Russie et la Chine ne veulent tout simplement pas signer une résolution rédigée par les États-Unis, parce qu’ils préfèrent nous voir échouer plutôt que de voir ce Conseil réussir », a aussitôt déploré Linda Thomas-Greenfield.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a réagi devant la presse, avant de quitter Israël, en affirmant qu’avec cette « résolution, qui a reçu un soutien très fort mais qui ensuite s’est vu cyniquement imposer un veto par la Russie et la Chine, je pense que nous tentions de montrer de la part de la communauté internationale le sens de l’urgence qu’il y a à avoir un cessez-le-feu lié à la libération des otages, quelque chose que tout le monde, y compris les pays qui ont mis un veto, aurait dû soutenir ».

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