A propos du 80e Congrès du Parti socialiste
Par Marie-Thérèse Mutin*

Marie-Thérèse Mutin (DR)
« Substituons au cartel électoral, une véritable alliance populaire, un Front de classe qu’avaient porté en leur temps Jean Poperen et François Mitterrand, donnant les moyens à la Gauche de représenter l’ensemble des Français, au-delà des seules catégories favorisées. »
Cueillie dans le texte d’orientation n° 1 présentée au Congrès 2023 du PS par les éléphants et éléphanteaux qui ont tué le PS avec François Hollande[1], cette référence au Front de classe que j’ai défendue il y a 50 ans au côté de Jean Poperen devrait me réjouir !
C’est la politique du Front de classe qui a permis les changements profonds en 1981 : augmentation du SMIC et des prestations sociales, retraite à 60 ans, cinquième semaine de congés payés, les 39 h de travail hebdomadaire, les lois Auroux, le prix unique du livre, le statut des intermittents du spectacle, de la femme de l’artisan, de l’agriculteur, les nationalisations, la revitalisation des services publics, entre autres.
Je me souviens de l’arrêt brutal de ces progrès, en 1983, pour la politique de rigueur prônée par Michel Rocard, Jacques Delors et un groupe de jeunes gens, « les transcourants », créé par François Hollande, Jean-Yves Le Drian, Jean-Pierre Jouyet, Jean-Pierre Mignard… Et voilà que les émules de Hollande veulent reconstituer le Front de classe ! Tout affairés à donner des gages de bonne gestion capitaliste, à conserver un appareil qui leur procure des postes prestigieux, ils n’ont pas vu disparaître le prolétariat et, avec lui, le combat collectif au sein des syndicats, des partis, des associations.

« Notre parti n’a pas travaillé. » [2] Est-ce enfin une autocritique ? Que nenni ! Il s’agit du PS d’Olivier Faure, critiqué par celles et ceux – soi-disant « dissidents » – qui se sont opposés aux candidatures NUPES lors des dernières élections législatives, prenant la responsabilité de la non-victoire pourtant possible de la gauche…
Pour ma part, lorsque je regarde ce PS, dont j’ai été exclue en 1998, je ne vois qu’un socialiste qui a travaillé et apporté des propositions nouvelles, c’est Benoît Hamon avec la politique du Revenu universel, un projet novateur présenté lors de la primaire et dévoyé aussitôt par le clan Hollande, pendant la campagne de l’élection présidentielle de 2017.
Que Benoît Hamon et ses amis se rassurent : à l’instar du Front de classe, le Revenu universel sera peut-être remis au goût du jour dans 20 ou 30 ans, par des « historiens » socialistes !
Marie-Thérèse Mutin
* Marie-Thérèse Mutin, écrivain, fondatrice et présidente des éditions Mutine, ancienne conseillère régionale en Bourgogne et députée européenne socialiste (PS), ancienne première secrétaire de la fédération PS de Côte-d’Or, ancienne membre des conseil national et bureau national du PS.
[1] Première signataire : Hélène Geoffroy. Parmi les quelques signataires de Côte-d’Or : Antoine Hoareau, secrétaire de la section de Dijon, et Michel Neugnot, premier secrétaire fédéral.
[2] Contribution « Debout les socialistes (refonder, rassembler, gouverter) » d’Hélène Geoffroy, laquelle tente de rassembler les « dissidents » du PS réfractaires à la Nouvelle union de la gauche (NUPES).