Par Marcel Yanelli

Nos vœux de bonne année furent largement teintés d’inquiétude. Il y a de quoi…

Carnets de Marcel Yanelli, février 1960 – mai 1961. Photo : Ishta

J’ai connu deux guerres ; l’une dans mon enfance et l’autre à mes 20 ans, jeté avec deux millions d’autres jeunes dans la non-nommée longtemps guerre d’Algérie. Mais la prolifération actuelle des guerres, qui peut tout embraser, et de la haine, ainsi que la montée en puissance du danger climatique pèsent sur les esprits… Les dangers sont là !

Et je ne comprends pas cette apathie quasi générale et encore moins celle de la gauche, perdue dans ses querelles intestines.

Je suis étonné, et même en colère ! Pourquoi celle-ci ? Je suis un des huit enfants Yanelli, enfants de l’immigration. Nos parents ont subi le fascisme en Italie, l’extrême pauvreté et la dictature mussolinienne durant vingt longues années. Mon père, surpris dans une réunion d’opposants à Mussolini, blessé par balle par les chemises noires, a dû se réfugier en France en 1928… Toute notre culture familiale en a été marquée.

Les dictatures totalitaires durent longtemps. Me vient à l’esprit un poème d’Aragon, « La rose et le réséda », écrit en 1943 pour appeler à l’unité de la résistance au nazisme : « Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat, fou qui qui songe à ses querelles au cœur du commun combat. »

Et également ces mots d’Albert Camus : « Faites attention, quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet, mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles. »

Le constat ne suffit pas. Je suis de ceux et celles qui n’acceptent pas les impasses politiques, le « À quoi bon ? »

Rien n’est décidé à l’avance. Plus que jamais la gauche rassemblée se doit de proposer une alternative crédible à l’imminence de l’orage et de la grêle.

Biographie de Marcel Yanelli (Maitron)