LE 9 DÉCEMBRE, CÉLÉBRONS LA LAÏCITÉ,
UN PRINCIPE INTANGIBLE POUR BÂTIR NOTRE AVENIR
Le Collectif laïque national, à l’occasion de la Journée de la Laïcité du 9 décembre, anniversaire de la promulgation de la loi de 1905 instaurant la séparation des églises et de l’État, tient à rappeler l’intangibilité de ce principe au fondement de la République.
En instaurant un régime de séparation stricte entre, d’une part, l’État et les collectivités et services publics, et, d’autre part, les religions, la laïcité garantit la liberté de conscience et son corollaire la liberté d’expression, dont la liberté de culte est une des manifestations.
L’État Laïque n’arbitre pas, entre les différentes convictions religieuses et philosophiques, qui relèvent de l’espace civil ou de la vie privée. Sa position areligieuse, qui n’est pas un athéisme, permet à la citoyenneté de s’épanouir pleinement.
La République française s’inscrit dans le temps long de l’émancipation politique. Après les affres des guerres de religions qui ont ensanglanté la France et l’Europe, la Révolution française s’inspirant des idéaux humanistes et universalistes de la philosophie des Lumières, a instauré une République démocratique de citoyens libres et égaux, dégagée de toute religion d’État.
La laïcité, pilier de la République, sera célébrée le 9 décembre, au moment où la France traverse une situation difficile, du fait du développement de communautarismes identitaires, idéologiques ou religieux, parfois meurtriers, qui professent le repli sur soi contre la citoyenneté, en menaçant ainsi la paix civile et la vie des personnes.
Le Collectif laïque national rappelle, plus que jamais, que la laïcité et les principes de la République qui lui sont attachés, sont les garants d’un futur harmonieux et émancipateur où chacun peut trouver sa place dans le respect de l’intérêt général.
L’État a le devoir de mettre en œuvre cette politique.
Ainsi, le Collectif déplore que le principe de Laïcité ne soit pas appliqué sur l’ensemble du territoire national, que ce soit, en Alsace et Moselle ou dans certains départements, territoires et collectivités d’Outre-Mer, et que les entorses à l’obligation de neutralité religieuse des Pouvoirs publics soient monnaie courante, au niveau tant national que local.
Il regrette vivement que l’État, par les milliards de subventions accordés à l’école privée, à 96% confessionnelle, crée lui-même la concurrence avec l’école de la République qu’il a pourtant le devoir constitutionnel d’organiser et qu’il menace ainsi la mixité sociale et l’égalité des chances. Il réaffirme sa revendication de constitutionnaliser les principes des deux premiers articles de la loi de 1905, dont il convient toujours de rappeler les termes pertinents :
- La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public,
- La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
Vive la Laïcité, Vive la République.
Fait à Paris, le 7 décembre 2023
Associations signataires
Amicale du Jacquemart
Association de défense des laïques (AD3L)
Agir pour la Laïcité et les valeurs républicains
Association des Libres Penseurs de France
Association Européenne de la Pensée Libre (A.E.P.L.)
Association Laïcité-Liberté
Association Libres MarianneS
Cercle Ferdinand Buisson
Chevalier de la Barre (Le)
Comité – Laïcité – République
Comité de réflexion et d’action laïque – CREAL76
Comités 1905 (Les)
Confédération Nationale des Associations Familiales Laïques (C.N.A.F.A.L.)
Égalité, Laïcité, Europe – ÉGALE
Fédération Française de l’Ordre Mixte International « Le Droit Humain »
Fédération Nationale des Délégués Départementaux de l’Éducation Nationale (D.D.E.N.)
Femmes Contre les Intégrismes – FCI
Grand Orient de France
Grand Orient Latino Américain
Grande Loge Mixte Universelle
Laïcité 18
Laïcité et Féminisme
Ligue du Droit International des Femmes (la) – (L.D.I.F.)
Lumières Laïques Cercle Maurice Allard
Mouvement Europe et Laïcité – Centre d’Action Européenne Démocratique et Laïque (C.A.E.D.E.L.)
Observatoire de la Laïcité de Saint-Denis
Observatoire International de la Laïcité
Regards de Femmes
Union des Familles Laïques – (U.F.A.L.)
Unité Laïque
Vigilance collèges Lycées
Vigilance Travail social
Vigilance Universités
ANNEXE
Abayas, burqa, attentat d’Arras…
ENQUÊTE DE L’IFOP AUPRÈS DES MUSULMANS SUR LA LAÏCITÉ ET LA PLACE DES RELIGIONS À L’ÉCOLE ET DANS LA SOCIÉTÉ
A l’occasion de la journée nationale de la laïcité (9 décembre 2023), Elmaniya.tv, la nouvelle chaîne laïque franco-arabe, a commandé à l’Ifop une enquête permettant de mieux cerner la place que les Français musulmans accordent aujourd’hui à la religion, le sens qu’ils donnent à la laïcité mais aussi leur point de vue sur les récents événements (ex : interdiction des abayas le 3 septembre, assassinat d’Arras par un islamiste le 13 octobre…) ayant mis au premier plan la question de l’Islam à l’École.
Pour cela, l’Ifop a mis en place un dispositif d’étude permettant de mesurer la spécificité des musulmans de France sur ces sujets – à travers des indicateurs offrant des comparaisons avec le point de vue de l’ensemble des Français –, mais aussi d’analyser certaines variables pouvant influencer leur rapport à la laïcité comme leur âge ou leur degré de religiosité.
Présentation détaillée de l’enquête (PDF) : https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2023/12/Synthese_Ifop_ElmaniyaTV_2023.12.08.pdf
Analyse détaillée de l’enquête (PDF) : https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2023/12/Analyse_Kraus-JNL_2023.pdf
LES CHIFFRES CLÉS DE L’ENQUÊTE
***
Dans un contexte marqué par l’interdiction des abayas à l’École publique (3 septembre), une très large majorité des Français musulmans (78%) partage le sentiment que la laïcité telle qu’elle est appliquée aujourd’hui par les pouvoirs publics est discriminatoire envers les musulmans.
Les trois quarts des Français musulmans souhaitent un retour au régime concordataire appliqué en France jusqu’au vote de la loi de 1905 : 75% d’entre eux de disant favorables au « financement public des lieux de culte et des religieux des principales religions (ex : curés, popes, rabbins, imams…) comme c’est le cas en Alsace-Moselle pour certains cultes ».
***
D’autres revendications passent par l’abrogation de dispositifs empêchant l’expression vestimentaire de leur religion dans l’espace public. Ils soutiennent ainsi massivement le droit des athlètes français(e)s à porter des couvre-chefs religieux aux prochains JO en France (75%).
Près de 20 ans après son application, les Français de confession musulmane sont toujours massivement opposés à la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l’École. En effet, les deux tiers d’entre eux (65%) se disent favorables au port de couvre-chefs à caractère religieux (ex : voile, kippa…) dans l’enceinte des collèges et lycées publics.
Les musulmans soutiennent massivement aussi d’autres formes de manifestations de religiosité dans l’espace scolaire tel que le port de signes religieux par les parents accompagnateurs faisant action d’enseignement (à 75%) ou l’introduction de menus à caractère confessionnel (ex : viande halal, viande casher…) à la cantine (à 83%).
***
Enfin, environ la moitié d’entre eux soutiennent également une remise en cause du principe de neutralité religieuse dans le cœur des enseignements, revendiquant par exemple le droit des jeunes filles « à ne pas assister aux cours de natation pour des raisons religieuses » (à 57%) ou des élèves à « ne pas assister aux cours dont le contenu heurterait leurs convictions religieuses » (à 50%).
Si l’interdiction des abayas annoncée à la rentrée a fait l’objet d’un quasi-consensus dans la population générale (81% des Français approuvent cette interdiction), rares sont les musulmans (28%) à soutenir la décision du nouveau ministre de l’Éducation nationale.
***
Leur rapport particulier à la laïcité n’empêche pas la plupart des musulmans (78%) de condamner totalement le meurtrier de Dominique Bernard à Arras, mais leur condamnation manque de fermeté : les personnes n’exprimant pas une condamnation totale de l’assassin sont trois fois plus nombreuses dans les rangs des musulmans (16%) que chez l’ensemble des Français (5%), notamment parmi les élèves scolarisés actuellement dans l’enseignement secondaire ou supérieur (31%).
***
Autres leçons sociologiques et politiques significatives de l’enquête Ifop…
1 – Les musulmans se distinguent non seulement par leur croyance que leur religion est détentrice d’une vérité absolue – 75% d’entre eux estiment qu’ »il y a une seule vraie religion », contre 20% en moyenne chez les adeptes des autres confessions – mais aussi par l’idée qu’elle prévaut sur les discours scientifiques dans l’explication de la création du monde : 76% des musulmans pensent que c’est plutôt la religion qui a raison lorsque la religion et la science s’opposent sur la question de la création du monde, contre 19% en moyenne chez l’ensemble des Français (22% en moyenne chez les adeptes des autres religions). A noter que l’idée de la supériorité de la religion sur la science n’est pas spécifique aux adeptes du Coran : elle est désormais partagée chez l’ensemble des Français par près de quatre jeunes sur dix (41%) et par une majorité des sympathisants LFI (54%).
2 – Les trois quarts des Français musulmans souhaitent un retour au régime du concordat appliqué avant le vote de la loi de 1905 : 75% souhaitent qu’on autorise désormais « le financement public des lieux de culte et des religieux des principales religions (ex : curés, popes, rabbins, imams…) comme c’est le cas en Alsace-Moselle pour certains cultes ». En cela, ils se distinguent de l’ensemble des Français (favorable à seulement 28%), mais pas d’autres catégories de la population qui y sont majoritairement favorables comme les jeunes de moins de 25 ans (à 60%) ou les sympathisants LFI (à 52%).
3 – Près de 20 ans après le vote de la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l’École, l’enquête montre que les Français de confession musulmane y sont toujours massivement opposés : les deux tiers d’entre eux (65%) se disent favorables au port de couvre-chefs à caractère religieux (ex : voile, kippa…) dans l’enceinte des collèges et lycées publics. Là aussi, s’ils se distinguent très nettement de l’ensemble des Français (favorables à seulement 18%), ils sont soutenus par une grande part des jeunes de moins de 25 ans (à 47%) et des sympathisants LFI (à 52%).


