Dix ans après le 13 novembre 2015, la France se souvient, et elle s’interroge.
Cette nuit de terreur, où 130 vies furent fauchées au Bataclan, aux terrasses de cafés et aux abords du Stade de France, reste une plaie vive dans la mémoire nationale. Au-delà du drame, les attentats incarnaient une guerre déclarée contre ce que la France représente : la liberté, la laïcité, une civilisation millénaire…
Dix ans plus tard, les armes de Daech se sont tues, mais son souffle idéologique circule encore, insidieux, dans ce que Gilles Kepel appelle le « djihadisme d’atmosphère » — une violence sans commandement, nourrie par le ressentiment et le fanatisme en ligne. Face à cette dérive, la réponse ne peut se réduire à la surveillance ni aux lois d’exception. Elle doit passer par l’éducation, la culture et la raison, par la défense acharnée de la liberté de conscience et de la dignité humaine universelle. Car comprendre, enseigner, débattre — c’est déjà résister.

Paris, place de la République, le 15 novembre 2015. Photo : Mstyslav Chernov

Le vendredi 13 novembre 2015 est l’une des dates les plus sombres de l’histoire contemporaine française. En quelques heures, Paris (75) et Saint-Denis (93) ont été frappés par une série d’attentats coordonnés, sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Trois commandos armés, liés à l’organisation État islamique (Daech), ont ciblé les terrasses de cafés parisiens, le Stade de France et surtout la salle du Bataclan (Paris XIe arrdt.), où 90 personnes ont été massacrées pendant un concert. Le bilan total s’élève à 130 morts et plus de 350 blessés, frappant indistinctement jeunes et moins jeunes.

Derrière ces attaques, un homme a tenu, sur notre territoire, le premier rôle : Abdelhamid Abaaoud, Belge d’origine marocaine, vétéran de la Syrie, coordinateur des attentats. Traqué à Saint-Denis, il est abattu par les forces spéciales le 18 novembre. Autour de lui gravitait une « cellule » terroriste franco-belge, issue de Molenbeek (une des dix-neuf communes de la Région de Bruxelles-Capitale, en Belgique).

Une guerre contre la modernité

Dix ans après, il ne faut cesser de le rappeler : les attentats du vendredi 13 novembre 2015 furent l’expression la plus violente de l’idéologie de la terreur au service d’un projet théocratique totalitaire.

Les terroristes du « vendredi 13 »[1] se réclamaient du djihad, concept dévoyé de son sens spirituel pour devenir une guerre contre l’Occident et la modernité. L’idéologie de Daech était avant tout théocratique, prétendant fonder l’ordre du monde sur la loi divine, abolissant la distinction entre le religieux et le politique.

En cela, Daech niait les acquis fondamentaux de la modernité : la laïcité, qui garantit la liberté de conscience, la raison critique, héritée des Lumières, et la dignité universelle de l’être humain, indépendante de toute croyance.

Car là où la pensée humaniste voit dans autrui un semblable, le djihadisme voit un sujet à soumettre ou un mécréant à éliminer. C’est un nihilisme.

Une menace persistante

Dix ans après, le terrorisme djihadiste n’a pas disparu, même s’il a changé de nature.

Les grandes structures centralisées — Al-Qaïda, Daech — ont été militairement affaiblies. Leurs territoires ont été reconquis, leurs chefs éliminés. Cependant, l’idéologie a survécu sous une forme diffuse, mouvante, insaisissable.

Les services de renseignement français parlent désormais d’une menace multiforme, où le danger vient autant d’individus isolés que de cellules clandestines ; des individus isolés souvent jeunes, radicalisés en ligne, agissant seuls mais dans un imaginaire commun que le politologue Gilles Kepel a conceptualisé sous le nom de « djihadisme d’atmosphère ».

Selon Kepel, en effet, nous sommes entrés dans une ère nouvelle : celle d’un terrorisme sans organisation, où l’idéologie circule comme une vapeur. Le djihadisme d’atmosphère ne repose plus sur une hiérarchie ou un commandement. Il s’agit d’une culture de violence religieuse diffuse, entretenue par les réseaux sociaux, certaines chaînes de messagerie, ou des discours pseudo-théologiques circulant dans la sphère numérique.

Autre spécialiste du sujet, Hugo Micheron (Le Jihadisme français, 2020) confirme la pertinence du concept de Gilles Kepel en soulignant que le djihadisme est désormais inséré dans les tissus sociaux locaux et qu’il ne s’agit donc plus seulement d’un phénomène importé.

Un jeune radicalisé n’a plus besoin d’être recruté ni entraîné. Il respire cette atmosphère, l’absorbe à travers des vidéos, des prêches ou des récits héroïsés du martyre, et finit par passer à l’acte en solitaire.

D’islamisme en djihadisme

Pour Gilles Kepel, encore, cette atmosphère djihadiste ne naît pas du vide. Elle s’enracine dans une chaîne idéologique assez large, qui va de l’islamisme politique au djihadisme armé.

Ainsi, le « frérisme » des Frères musulmans, confrérie plus ou moins clandestine fondée en 1928 par Hassan al-Banna, prône une islamisation progressive de la société par l’éducation, la culture, la politique. Il se veut non violent, mais tend à délégitimer la laïcité et à présenter l’islam comme un système total englobant toute la vie personnelle et civile.

Cet islamisme poursuit un idéal : imposer la charia comme fondement de la loi.

Le djihadisme, lui, est son versant militant, voire militaire, qui choisit la guerre sainte immédiate.

Enfin, le « djihadisme d’atmosphère » est la forme contemporaine, déstructurée, virale et mimétique de cette radicalité. Kepel affirme que du frérisme au djihadisme, la logique est continue et que seule la méthode change…

Résister !

Comme il y a dix ans, la menace terroriste islamiste oblige les démocraties à se défendre par tous les moyens. Mais, face à une idéologie aussi polymorphe, la réponse ne peut être seulement sécuritaire.

Elle doit être aussi philosophique et éducative. Partout, et premièrement dans les écoles, il s’agit de défendre la raison contre le dogme, d’enseigner la liberté de conscience, de réaffirmer la dignité universelle de la vie humaine et, surtout, de combattre la culture du ressentiment qui nourrit la haine.

Car le djihadisme, qu’il soit organisé ou d’atmosphère, prospère dans les fractures sociales, identitaires et politiques. Le combat contre lui ne se mène pas uniquement par les armes, mais aussi par la reconstruction d’un horizon culturel et politique commun, notamment par la revitalisation permanente de la laïcité.

Comprendre pour prévenir

Le 13 novembre 2015 fut un choc, mais aussi un avertissement. Nous sommes entrés dans une guerre des idées autant que dans une guerre des armes.

Dix ans plus tard, si Daech n’a plus de territoire, son imaginaire subsiste. L’enjeu est donc d’empêcher que cet imaginaire ne redevienne un horizon pour des esprits en dérive.

Le « djihadisme d’atmosphère » n’est pas une fatalité, mais c’est une mise à l’épreuve morale pour nos sociétés.

Antoine Peillon

***

Bilan

Voici le bilan des attentats qui se sont déroulés dans la soirée du vendredi 13 novembre 2015, à Paris et en banlieue parisienne. Le chiffre exact varie selon les sources, mais les données les plus couramment retenues sont les suivantes :

•            Nombre de morts : 130 personnes (ministère de l’Intérieur).

•            Nombre de blessés hospitalisés : 413 blessés, dont 99 étaient en « urgence absolue ».

Les attaques terroristes se sont déroulées à plusieurs endroits :

•            Aux abords du Stade de France, à Saint-Denis (93), où une explosion de ceinture s’est produite – bilan d’1 mort à cet endroit (le terroriste ; lire, ci-dessous).

•            Aux terrasses de cafés et restaurants dans les Xᵉ et XIᵉ arrondissements de Paris : Le Carillon, Le Petit Cambodge, La Belle Équipe, avec plusieurs dizaines de morts.

•            Dans la salle de spectacle du Bataclan (XIᵉ arrondissement de Paris), lors d’n concert, où 90 personnes ont été tuées.

Les commandos terroristes

Les attentats du 13 novembre 2015, revendiqués par l’organisation terroriste État islamique (Daech), ont été commis par trois commandos coordonnés depuis la Syrie et la Belgique.

Voici le détail des principaux terroristes identifiés et de leurs rôles :

1️ – Le commando du Stade de France (Saint-Denis)

•            Ibrahim Abdeslam, 31 ans, Français né à Bruxelles, s’est fait exploser devant le Stade de France.

•            Bilal Hadfi, 20 ans, Belgo-Marocain, kamikaze au Stade de France.

•            Un troisième kamikaze, non identifié, probablement un Syrien passé par la route des migrants (faux passeport au nom d’Ahmad al-Mohammad).

Bilan : un mort (un passant) et plusieurs blessés.

2️ – Le commando des terrasses de cafés et restaurants (Paris Xᵉ et XIᵉ arrondissements)

•            Abdelhamid Abaaoud, 28 ans, Belgo-Marocain, coordinateur et chef opérationnel, tué par le RAID à Saint-Denis (93), le 18 novembre 2015.

•            Chakib Akrouh, 25 ans, Belgo-Marocain, s’est fait exploser lors de l’assaut à Saint-Denis.

•            Brahim Abdeslam, 31 ans, frère de Salah Abdeslam, s’est fait exploser dans le bar Comptoir Voltaire.

Ce commando a mitraillé plusieurs terrasses de cafés et restaurants, dont Le Carillon, Le Petit Cambodge, La Belle Équipe, Le Café Bonne Bière, etc.

Bilan : 39 morts.

3️ – Le commando du Bataclan

•            Omar Ismaïl Mostefaï, 29 ans, Français, de Chartres (28).

•            Samy Amimour, 28 ans, Français, de Drancy (93).

•            Foued Mohamed-Aggad, 23 ans, Français, de Strasbourg (67).

Les trois terroristes se sont introduits dans la salle pendant le concert des Eagles of Death Metal et ont ouvert le feu sur les spectateurs avant d’être abattus par les forces spéciales.

Bilan : environ 90 morts.

Autres terroristes impliqués dans la logistique

•            Salah Abdeslam, seul survivant des commandos, a abandonné sa ceinture explosive et fui vers la Belgique, avant d’être arrêté à Molenbeek, en mars 2016. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible lors du procès du 13 novembre, en 2022.

•            Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles (2016), impliqué dans la préparation logistique des attentats du 13 novembre 2015.

•            Plusieurs complices ont été jugés pour aide logistique, fourniture d’armes, planification ou hébergement…

Organisation

Les commandos ont été formés et entraînés par Daech en Syrie avant de rejoindre l’Europe par la route migratoire via la Turquie et la Grèce.

Les attaques ont été coordonnées depuis Raqqa, alors capitale de l’État islamique.

L’ensemble de l’opération était dirigé par Abdelhamid Abaaoud, sous la supervision de hauts responsables de Daech. Considéré comme le coordinateur et chef opérationnel des attentats du 13 novembre 2015, celui-ci a été tué le 18 novembre 2015, cinq jours après les attaques, à Saint-Denis (93), lors de l’assaut du RAID, dans un appartement conspiratif. Son corps a été identifié grâce à des empreintes digitales et un prélèvement ADN. Il était l’un des principaux cadres européens de Daech, très actif dans la cellule qui a également planifié les attentats de Bruxelles (mars 2016).

Autres responsables de Daech impliqués dans la planification des attentats du 13 novembre 2015 :

•            Abu Muhammad al-Adnani, porte-parole de Daech et responsable des opérations extérieures (dont celles visant l’Europe). Considéré comme le cerveau stratégique ayant validé et inspiré les attaques. Tué par une frappe aérienne américaine, près d’Al-Bab (Syrie), le 30 août 2016.

•            Abu Ahmad (nom de guerre ; identifié comme Oussama Atar), Belgo-Marocain, membre clé de la cellule de Molenbeek, impliqué dans la supervision directe des attentats de Paris et Bruxelles. Recruteur et coordinateur de Daech en Syrie, il communiquait avec les commandos depuis Raqqa. Tué en Syrie, fin 2017, lors d’une frappe de la coalition internationale.

•            Abu Suleyman al-Farançi (alias Abdelilah Himich), ancien militaire français, parti rejoindre Daech en Syrie. Aurait été un des responsables de la branche européenne de Daech. Selon plusieurs sources occidentales, il aurait été tué en 2017-2018, mais cela n’a jamais été confirmé avec certitude.

•            Abu Bakr al-Baghdad, chef de l’État islamique, autoproclamé « calife ». Daech a revendiqué les attentats du 13 novembre sous son autorité. Tué le 27 octobre 2019, lors d’un raid américain à Idleb (Syrie).

Ainsi, tous les principaux organisateurs des attentats du 13 novembre 2015 sont morts à ce jour, la plupart entre 2015 et 2019, lors d’opérations militaires en Syrie ou en Irak.

Idéologie

Les terroristes du 13 novembre 2015 agissaient au nom de Daech (État islamique), une organisation djihadiste née en Irak au début des années 2000.

Leur idéologie reposait sur une interprétation extrême et dévoyée du salafisme, appelée salafisme djihadiste.

Cette idéologie prône :

•            Le retour à un « islam pur » censé reproduire celui des premiers compagnons du Prophète ;

•            le rejet de toute modernité occidentale, jugée décadente ;

•            la violence armée (le djihad) considérée comme un devoir religieux contre les « mécréants » (non-musulmans ou musulmans jugés impurs) ;

•            l’instauration d’un califat, c’est-à-dire un État théocratique mondial dirigé par un « calife » appliquant la charia la plus stricte.

Daech (acronyme arabe de al-Dawla al-Islāmiyya fī al-’Irāq wa al-Shām) voulait refonder un empire islamique mondial centré sur :

•            Une domination territoriale (prise de régions en Syrie et en Irak à partir de 2014) ;

•            une guerre sainte globale contre l’Occident ;

•            un ordre social totalitaire où religion, politique, économie et culture fusionnent.

Les dirigeants de Daech se présentaient comme les héritiers légitimes du califat abbasside, aboli en 1924. Leur propagande visait à convaincre les musulmans du monde entier de rejeter les frontières modernes et de rejoindre le « califat » pour combattre les infidèles.

Cibles symboliques des attentats du 13 novembre

Les terroristes ont frappé des lieux emblématiques de la vie occidentale et laïque :

•            Le Bataclan, symbole de culture et de musique « impures » selon leur logique ;

•            des terrasses de cafés et restaurants, représentant la mixité, la liberté et la convivialité ;

•            le Stade de France, pendant un match France–Allemagne, symbole de fraternité et de diversité nationale.

L’objectif n’était pas militaire, mais idéologique et symbolique : frapper des civils pour punir la France de sa participation à la coalition contre Daech en Syrie et en Irak, et provoquer la peur et la division entre Français musulmans et non-musulmans.

Les textes idéologiques de Daech s’appuient sur :

•            Une lecture littéraliste et sélective du Coran et des hadiths ;

•            des auteurs salafistes radicaux comme Ibn Taymiyya (XIVe s.) et Sayyid Qutb (XXe s.) ;

•            le refus de l’interprétation (ijtihad) du Coran et la condamnation du pluralisme religieux ;

•            une théologie du martyre (le kamikaze est glorifié comme un héros du paradis).

Une guerre idéologique totale

Une analyse de l’idéologie djihadiste de Daech et des terroristes du 13 novembre 2015, pour en dégager les antagonismes profonds avec la pensée humaniste, la démocratie moderne et la raison, permet de comprendre à quel point les attentats sont un épisode d’une guerre totale contre l’Occident laïc.

1. Une idéologie totalitaire à fondement théocratique

L’idéologie de Daech repose sur une fusion totale du religieux et du politique. Il ne s’agit pas seulement d’imposer des croyances, mais de régir intégralement la vie humaine selon une loi prétendument divine (charia), sans séparation possible entre sphère privée et sphère publique.

Sur le plan philosophique, cette idéologie nie le principe de laïcité, né avec les Lumières, selon lequel la loi humaine doit être autonome et rationnelle, non dictée par la religion. Elle supprime la liberté de conscience, cœur de la modernité politique depuis Locke, Spinoza et Kant. Elle substitue à la raison critique un absolutisme de la révélation, où toute contestation est sacrilège.

C’est donc une théocratie intégrale, analogue à d’autres totalitarismes (fascisme, stalinisme) dans sa volonté d’englober l’homme entier.

2. Le rejet de l’humanisme et de la dignité de la personne

Pour Daech, la valeur d’un être humain dépend exclusivement de sa soumission au dogme.

Les « mécréants » (non-musulmans, athées, ou musulmans modérés) perdent ainsi toute valeur morale ou juridique. Le meurtre devient donc un acte sacré, une purification du monde.

Sur le plan éthique, cette vision du monde détruit le fondement de l’humanisme universel qui repose sur la dignité inconditionnelle de toute personne (cf. Kant, Rousseau, la Déclaration des droits de l’homme…). Elle inverse radicalement la logique de la compassion : au lieu de voir dans autrui un être vulnérable à protéger (sollicitude, care), l’idéologie voit en lui un obstacle à abattre. Elle déshumanise toujours sa victime (tortures, égorgements, immolations…), comme tout totalitarisme, tuant au nom d’un bien absolu qui efface toute empathie.

3. Une négation de la raison et du monde commun

L’idéologie djihadiste refuse la raison discursive, c’est-à-dire la confrontation des arguments, la pluralité des points de vue, la délibération démocratique. Elle prétend détenir la vérité absolue et révélée : aucun débat n’est possible, car penser autrement devient un péché. Elle s’oppose ainsi à la raison critique des Lumières (Kant, Voltaire…), qui cherche à libérer l’homme de la tutelle dogmatique.

Elle refuse la pluralité humaine, chère à Hannah Arendt, c’est-à-dire la coexistence d’individus différents partageant un même monde, et détruit la possibilité même du politique. Dans un monde où seule une vérité unique est autorisée, il n’y a plus de cité, seulement une communauté de croyants soumis.

C’est pourquoi Arendt parlerait ici d’un fanatisme idéologique, c’est-à-dire d’une pensée totalisante qui élimine la liberté en prétendant sauver l’humanité.

4. Une perversion du sacré

Les terroristes se présentent comme des martyrs, persuadés d’obéir à une volonté divine, mais leurs actes — massacre de civils — manifestent, en réalité, une sacralisation de la violence plutôt qu’une spiritualité authentique.

Sur le plan anthropologique, Mircea Eliade ou René Girard, entre autres, ont montré que le sacrifice fondateur vise à contenir la violence, à la canaliser pour pacifier la communauté. Chez Daech, le sacrifice est inversé, car il devient non pas apaisement, mais propagation infinie de la violence. C’est une forme de nihilisme sacré, au sens de Nietzsche : la destruction de la vie au nom d’une transcendance vide, d’une foi devenue absolue volonté de puissance.

5. Pour une éthique de résistance

Face à une telle idéologie, la réponse philosophique ne peut être seulement sécuritaire ; elle doit être aussi éthique et éducative.

Il s’agit de défendre la raison contre le fanatisme, d’enseigner la valeur inconditionnelle de la vie humaine, de renforcer la culture du dialogue et de rappeler que la liberté n’est pas seulement un droit, mais qu’elle est aussi une responsabilité morale collective.

Hommages

Hommages officiels prévus le jeudi 13 novembre 2025 en mémoire des victimes des attentats du 13 novembre 2015 :

•            Une cérémonie nationale se tiendra en début d’après-midi sur l’ensemble des sites de l’attaque, à Paris et en banlieue (93).

•            La cérémonie officielle sera retransmise sur écran géant de 18h à 20h, sur la place de la République, à Paris, depuis le Jardin du 13-Novembre-2015 (IVᵉ arrondissement).

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Lire :

  • Antoine Peillon, « Vendredi 13 », ch. 1 de Résistance !, Paris, Le Seuil, 2016, pp. 15 à 32
  • Matthieu Suc, Vendredi 13. Les attentats vus depuis les services secrets, Paris, HarperCollins France, 2023, nouvelle édition, avec une préface par Arthur Dénouveaux, Paris, HaperCollins France, coll. « Poche », 2025 [nécessite une lecture critique, tant sur le fond que sur la forme]
  • Cécile Hochard, Laura Nattiez et Denis Peschanski, 13 Novembre. Des témoignages, un récit, Paris, Odile Jacob, 2020
  • Francis Eustache, Sandra Hoibian, Carine Klein Peschanski, Jörg Müller et Denis Peschanski, Faire face. Les Français et les attentats du 13 novembre 2015, Paris, Flammarion, 2025
  • Gilles Kepel, avec Antoine Jardin, Terreur dans l’Hexagone. Genèse du djihad français, Paris, Gallimard, 2015 ; en coll. « Folio Actuel », 2017
  • Gilles Kepel, La Fracture, Paris, Gallimard / France Culture, 2016
  • Gilles Kepel et Jean-François Ricard, Antiterrorisme. La traque des djihadistes, Paris, Plon, 2025
  • Emmanuel Carrère, V13. Chronique judiciaire, Paris, P.O.L., 2022 ; Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2024
  • Jean-Louis Périès, Intime conviction. De l’affaire Dominici au procès du 13 novembre, les Mémoires d’un juge, Paris, Flammarion, 2025
  • Arthur Dénouveaux et Antoine Garapon, Victimes, et après ?, Paris, Gallimard, 2019
  • Noëlle Herrenschmidt, avec Arthur Dénouveaux et Antoine Garapon, Juger le 13-Novembre. Une réponse démocratique à la barbarie, Paris, La Martinière, 2022
  • Antoine Leiris, Vous n’aurez pas ma haine, Paris, Fayard, 2016
  • Arthur Dénouveaux, Vivre après le Bataclan, Paris, Le Cerf, 2025
  • Jean-Michel Fauvergue, Ni capitulation ni résignation. Osons le courage !, Paris, Fayard, 2025
  • Yvan Assioma (avec Aziz Zemouri), Nous avons l’honneur de vous rendre compte… Ces policiers oubliés sous le feu des attentats parlent enfin, Paris, Fayard, 2025
  • Philippe Chadrys, 5 jours 5 nuits. Novembre 2015, au cœur de l’antiterrorisme, Paris, éd. du Rocher, 2025
  • Stéphane Sarrade, Au bout du chagrin. Le Bataclan, et après…, Paris, Tallandier, 2025

Rapport de la commission d’enquête parlementaire présidée par Georges Fenech, rapporteur Sébastien Pietrasanta, 5 juillet 2016 :

Écouter :

Sara Ghibaudo, « 13 novembre l’enquête », podcast en 9 épisodes, France Inter, octobre 2019

Regarder (documentaires) :

Valérie Manns, 13 Novembre, nos vies en éclats, diffusé en novembre 2025 sur France Télévisions

David André et Violette Lazard, 13 novembre, le choix de Sonia, diffusé en novembre 2025 sur France Télévisions

Daniel Psenny et Franck Zahler, Vendredi soir, diffusé en novembre 2025 sur LCP-Assemblée nationale


[1] Antoine Peillon, « Vendredi 13 », ch. 1 de Résistance !, Paris, Le Seuil, 2016, pp. 15 à 32.