Le monde contemporain présente de multiples formes de brutalisation directes ou spectaculaires : conflits armés, violences politiques, langage belliqueux, tensions sociales exacerbées… Mais ce n’est qu’une partie du phénomène : il existe une autre forme de brutalité, plus diffuse, plus difficile à objectiver, ne s’imposant pas par le choc mais par l’accumulation, la saturation, la contrainte implicite, l’impossibilité d’un retrait. Pour la Fondation Jean Jaurès, Lennie Stern, consultante en communication, interroge les ressorts de cette brutalité ordinaire, en décrit les effets et en analyse les formes – spatiales, narratives, systémiques – par lesquelles elle s’installe. Il s’agit ainsi de penser la brutalité non comme un accident, mais comme une infrastructure, et d’en tirer les conséquences politiques.
Pour télécharger le document, cliquez sur sa couverture, ci-dessus.
Table des matières
Préambule
Nommer ce qui ne frappe pas : topographie de l’imperceptible coercitif
Habiter le rude : l’usure comme environnement
Une politique d’éviction ordinaire
Ville, vitrine, vêtement : l’esthétique de la contrainte
Le corps sous tension, la mode comme rempart
L’environnement normatif : formes, flux, fatigue
Syntaxe du choc, montages cut et émotions fortes : quand la forme secoue plus que le fond
Formats courts, émotions fortes : la nouvelle grammaire de la visibilité
« Rough & raw » : une esthétique brutale de la sincérité
Rien ne dure : fatigue cognitive et effacement du débat
La brutalité intériorisée : quand la résilience devient norme sociale et politique
L’effort comme mise à l’épreuve
Résilience silencieuse et attentes comportementales au travail
Culture pop et récit de la tenue : la tension comme moteur narratif
Pourquoi maintenant ? Les conditions de la brutalisation
La disparition des grands récits comme désancrage collectif
De l’État moteur à l’individu performant
Algorithmisation des affects et solitude organisée
Récits de maintien, fiction de l’impasse : l’imaginaire contemporain comme symptôme d’une résignation organisée
Du dépassement à la survie : mutation des enjeux narratifs
Épopée suspendue : de la quête à l’effondrement ritualisé
Scènes contemporaines : produire l’épuisement, maintenir la tension
De la dénonciation à l’endurance : ce que raconte encore le rap
Pour une politique des formes non brutales
Des formes ordinaires à haute intensité politique
Éprouver la démocratie dans la matérialité des formes

