Par Aurore Lagneau, conseillère régionale Bourgogne-Franche-Comté
Génération Écologie, Groupe Écologistes & solidaires
L’année 2024 révèle les fissures d’un monde où l’humanité oscille entre l’aveuglement et une prise de conscience tardive. Car, oui, 2024 pourrait bien être annoncée comme l’année la plus chaude de l’histoire moderne, avec une température moyenne dépassant les niveaux préindustriels de plus de 1,54 °C. Ce seuil, qualifié de temporaire, n’a pourtant rien d’éphémère dans les conséquences qu’il entraîne, puisque les glaciers disparaissent sous nos yeux, les océans deviennent bouillants, les terres souffrent d’une soif constante, dans un tableau ininterrompu, avec des inondations dévastatrices, des sécheresses qui provoquent la famine, des ouragans destructeurs, qui sont les manifestations d’un bouleversement climatique qui, bien qu’elles n’affectent pas toutes les régions avec la même intensité, se produisent avec une profonde injustice, car ce sont les plus vulnérables qui en payent le prix fort : récoltes perdues, vies brisées, familles déplacées… Et ce, alors que les prévisions s’assombrissent encore. Un réchauffement moyen durable de plus de 1,5 °C est anticipé en 2030, et des points de basculement irréversibles se profilent.

Jardin des plantes de Paris (Muséum national d’histoire naturelle). © Ishta
En 2024, la pollution de l’air a tué des millions de personnes dans le monde.
En 2024, quinze tonnes de plastique ont été déversées, à chaque minute, dans les océans, étouffant les écosystèmes et contaminant la chaîne alimentaire. Et ceux qui luttent pour défendre des réserves marines, comme Paul Watson, se voient criminalisés !
En 2024, l’eau potable est restée indisponible pour près de 2,2 milliards de personnes.
En 2024, de nombreux récifs coralliens, sanctuaires de la biodiversité et protecteurs côtiers, sont morts de chaleur et à cause de l’acidification des océans. L’Amazonie, la grande réserve de carbone et d’oxygène du monde, a été la victime d’une déforestation qui ne connaît aucun répit.
En 2024, les efforts internationaux trébuchent sur leurs propres ambitions : les discours sont monnaie courante, mais seulement 17 % des terres et 8 % des océans sont protégés. L’écart entre les promesses et les actes n’a jamais semblé aussi béant.
En 2024, l’humanité a extrait 106 milliards de tonnes de ressources naturelles, soit trois fois plus qu’en 1970. Le pillage sans fond des sols, forêts et minéraux ne connaît aucun répit. Depuis 1970, les populations animales observées ont chuté de 73 %, une hécatombe qui frappe encore plus durement dans les eaux douces. Ces chiffres sont vertigineux, car chaque disparition d’espèce fragilise un équilibre déjà précaire.
En 2024, les combustibles fossiles régnaient toujours en maître, malgré des avancées notables dans le solaire et l’éolien. Ces énergies renouvelables pourraient dépasser le charbon d’ici 2025. Mais cela suffira-t-il à inverser la tendance ? La réponse est non, si la déforestation, l’agriculture intensive et l’extraction minière continuent d’éroder les fondations mêmes de la Terre.
Le bilan de 2024 est un avertissement. En 2025, allons-nous continuer comme si de rien n’était ou oser changer de cap, la seule option qui s’offre en réalité à nous ?
Aurore Lagneau, solstice d’hiver 2024
Article publié simultanément sur le site du groupe Écologistes & solidaires du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté : https://ecologistesetsolidaires.fr/portfolio-item/bilan-2024-la-planete-nen-peut-plus/ Et sur le blog de l’Union.
À consulter :
Rapport Protected Planet 2024, objectifs, défis et recommandations

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