« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants. (…) Ils sont français et doivent connaître la France, sa géographie et son histoire, son corps et son âme. » Cette lettre de Jean Jaurès aux instituteurs a résonné dans la cour de la Sorbonne, le 21 octobre 2020, lue par Christophe Capuano, un ancien camarade de Samuel Paty. Cinq jours plus tôt, le vendredi 16 octobre, ce professeur d’histoire de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) était assassiné par un terroriste islamiste. Aujourd’hui, pour sa sœur Mickaëlle, « il n’y a eu ni réveil, ni sursaut » depuis la mort de Samuel Paty !

« Quatre ans après l’assassinat de mon frère, une grande colère m’habite. Celle d’avoir perdu du temps, faute d’avoir été entendue. Il n’y a eu ni réveil, ni sursaut, et nos ennemis ont encore gagné du terrain », affirme Mickaëlle Paty dans son livre Le cours de monsieur Paty (Albin Michel), coécrit avec l’auteure Émilie Frèche.

Elle y retrace les événements ayant conduit à l’assassinat de son frère le 16 octobre 2020 près du collège où il enseignait, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), 11 jours après avoir donné un cours sur la liberté d’expression. « Désormais, l’alibi des caricatures ou du voile ne leur sont même plus nécessaires pour attaquer l’école, nous en avons eu la triste preuve avec Dominique Bernard. Être prof suffit à vous mettre dans le viseur de ces intégristes », ajoute-t-elle, appelant à la mise en place d’« une réelle politique publique pour la promotion de nos valeurs, et non pas uniquement pour leur défense ».

Pour elle, Samuel Paty « est mort parce que face à l’offensive islamiste, nous n’avons produit depuis des années qu’une série de renoncements qu’on croyait sans importance, mais qui, mis bout à bout, ont construit un système ». Alors que la cour d’assises spéciale de Paris va juger à partir du 4 novembre huit personnes impliquées dans l’assassinat de Samuel Paty, Mickaëlle Paty dit « attendre de ce moment judiciaire le rétablissement de la vérité sur le cours de (s)on frère, mais également la mise à nu de l’islamisme comme projet politique contre lequel nous devons nous battre ».

« La situation est devenue si critique que nous ne pouvons plus nous contenter de réagir aux attaques. Il nous faut désormais nous réarmer idéologiquement », estime-t-elle. Mickaëlle Paty a saisi en juillet la justice administrative pour faire reconnaître la responsabilité de l’État dans l’assassinat de son frère.

Le Jacquemart

Hommage à Samuel Paty / place de la République (Paris), le dimanche 18 octobre 2020 / par ISHTA