Par Thérèse Foucheyrand

Photo : Ishta
En ce moment, tous les praticiens de Facebook se muent en experts économiques, en historiens, historiennes, en mages, en prédicateurs… Au début, c’était assez comique, mais, à présent, c’est épuisant et surtout très inquiétant, parce que cela permet de mesurer l’ignorance crasse de ces internautes, en toutes matières.
Mais ce constat n’est pas nouveau… Certes, je n’ai pas la science infuse (aurait dit ma pauvre mère), mais ma vie a été longuement chaotique, ce qui me permet, je pense, d’ajouter ma litanie à tout le flot.
Ces deux dimanches, je tiendrai un bureau de vote dans ma commune, mon mari aussi. Car il ne suffit pas de dire, il faut agir civiquement et ne pas taire ses positions. Je voterai à gauche, comme je l’ai toujours fait (cette fois, pour le NFP). Pourquoi ? Parce qu’à mon âge, je peux mesurer ce qu’a été la vie de mes ancêtres et ce qu’est la mienne, la nôtre aujourd’hui, du point de vue des avancées sociales et, très souvent, grâce à des gouvernements de gauche. Mais, si mes raisons s’arrêtaient là, ce ne sera pas assez. L’accession à la culture, la vraie, pas celles pour faire mumuse, pour s’étourdir, est la plus belle avancée qui soit. Avoir la liberté de réfléchir, de partager ses réflexions sans haine, ni mépris, avoir l’accès facile à tous les arts sans restriction, en bref, favoriser tout ce qui élève l’esprit humain et conforte tout le meilleur de soi-même.
Sur les réseaux sociaux, on bave injures et quolibets, on caricature, on injurie, on délire, mais personne, ou si peu, ne revendique la Culture (oui, avec un grand C).
Je ne sais pas dans quel état nous nous réveillerons lundi matin… Mais, pour le moment, je sens comme un air de campagne digne du Brexit : certains ont élevé une grande statue d’argile (la statue du Commandeur, ou celle du Veau d’Or, au choix) et bien des citoyens s’en déclarent adeptes en récitant des hymnes ineptes dont ils ne voient pas la dangerosité, ni l’inutilité. La haine, l’envie, mais aussi la misère, la solitude les y ont poussé. Les arguments les plus réalistes n’effleurent leurs convictions. On leur offre un chef nouveau, un homme qui parle sans trop de mots, ni explications compliquées. Ça leur suffit, il va les sauver…
Si le scénario du pire se produit, très vite, comme pour le Brexit, ils se réveillerons et diront : « On ne savait pas, on nous a menti… » Oui, mais, en attendant, nous devrons vivre des mois, voire des années sous la coupe de l’extrême droite et en payer les conséquences. Un peu comme lorsque vous avez le malheur de découvrir une tique sur vous et que vous peinez tant à vous en débarrasser.
